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  • 7ème FESTIVAL INTERNATIONAL DU CINEMA ET MUSIQUE DE FILM DE LA BAULE (22 au 27 juin 2021)

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    « Dans un incendie, entre un Rembrandt et un chat, je sauverais le chat. » « Entre l’art et la vie, je choisis la vie ».  Tel est l’un des pouvoirs magiques des festivals de cinéma : nous éviter d’être confrontés à ces choix cornéliens (ces citations sont extraites du film Un homme et une femme de Claude Lelouch) en permettant à l’art et la vie de s’entrelacer, au point qu’ils se confondent parfois, a fortiori au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule où la musique est omniprésente, et procure à chaque instant une aura romanesque.

    Des six premières éditions du festival, je n’en ai manqué aucune et plus que nulle part ailleurs mes souvenirs de vie et de cinéma s’y entremêlent. Comment oublier que j’y ai passé le 13 novembre 2015 ? Comment ne pas penser au concert de Michel Legrand qui avait eu lieu le lendemain, ce fameux 14 novembre 2015 donc, concert lors duquel Michel Legrand, alors comme toute l’assistance bouleversé par l’ignominie impensable qui avait eu lieu la veille, avait débuté son concert par un morceau improvisé et deux mesures de La Marseillaise ? Et puis la mise en abyme était à son apogée dans le cadre de ce festival puisque j’avais en effet immortalisé cette soirée du 14 novembre 2015 à La Baule dans l’une des nouvelles de mon recueil sur les festivals de cinéma Les illusions parallèles, publié en 2016, avec une nouvelle intitulée Un certain 14 novembre, un recueil que j’ai eu le plaisir de dédicacer le… 13 novembre de l’année suivante au festival, aux côtés de Lalo Schifrin, invité d’honneur cette année-là.

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    Une oasis de quiétude, de rêve et d'évasion. Voilà ce vers quoi nous invite à voyager l'affiche du 7ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule en référence aux films d'Aventure, thématique de cette édition, mais aussi à Philippe Sarde, invité d'honneur du festival, lequel a notamment signé les musiques de grands films d’aventures telles que celles de Fort Saganne, L’Ours, le Bossu ou La fille de d’Artagnan, mais aussi des musiques de films ou l’aventure est plus intime, comme celles des sublimes films de Claude Sautet (Les choses de la vie, César et Rosalie…) ou d'André Téchiné ( Hôtel des Amériques, Ma saison préférée …). L'hôtel Hermitage, lieu phare du festival apparaît ici comme une oasis au milieu du désert en lequel se transforme la plage de La Baule.

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    Pour rêver sous le ciel mystérieux, magique, et constellé d'étoiles de l’affiche qui fait allusion aux contes orientaux mais aussi au récit d’aventure de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, il faudra donc patienter un peu car  le festival qui devait avoir lieu du 10 au 15 novembre 2020 a été reporté au mois de Juin 2021, du 22 au 27.

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    En plus des concerts de ses invités d’honneur (au premier rang desquels celui, absolument inoubliable, de Vladimir Cosma), j’ai découvert tant de films remarquables grâce à ce festival parmi lesquels Paterson, À peine j’ouvre les yeux, Tanna, Le Prophète, Demain tout commence, Born to be blue, Jalouse, L’attente, Mr. Turner, Carole Matthieu, Tout nous sépare, Guy, La tortue rouge, Les hirondelles de Kaboul et, rien que pour l’année 2019, en compétition, sans doute les meilleurs films de l’année (Les Éblouis, J’ai perdu mon corps, La Belle époque, La dernière vie de Simon, La nuit venue, Lola vers la mer)…et tant d’autres et aussi de nombreux documentaires comme Abdel Rahman El Bacha - Un piano entre Orient et Occident, ou encore des courts-métrages.

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    « Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte ». Telle est la citation d’ouverture du film Itinéraire d’un enfant gâté de Claude Lelouch que j’avais eu le plaisir de revoir au Festival de La Baule (comme tant d’autres classiques d’ailleurs, notamment West side story ou Le cercle rouge), une citation empruntée à Albert Cohen à laquelle chaque année ce festival qui nous unit dans un océan de musiques est un parfait démenti. Chaque année, je repars ainsi de ce festival avec une envie fiévreuse de m’enivrer de musiques. Et je ne doute pas que ce sera le cas après cette édition de Juin 2021 à laquelle je vous donne d’ores et déjà rendez-vous pour vous griser de musiques sur la plus longue plage d’Europe, baie aux mille visages, entre élégante quiétude et beauté incendiaire. 

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    La Baule était célèbre pour sa plage et les cinéastes qu’elle a inspirés comme Diane Kurys qui, en 1990, y tourna le populaire La Baule-les-pins. Elle l’est désormais aussi pour son festival de cinéma (créé il y a 7 ans par Sam Bobino et Christophe Barratier) auquel nous souhaitons une longue vie même si la route de cette 7ème édition a été jalonnée d’obstacles dont, sans aucun doute, ce bel évènement sortira encore grandi.

    CRITIQUE de LES CHOSES DE LA VIE DE CLAUDE SAUTET

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    L’hommage que le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2021 rendra à Philippe Sarde est pour moi l’excellent prétexte pour vous parler à nouveau de Claude Sautet pour qui Sarde a composé la musique du film Les Choses de la vie. Avec quelques digressions pour évoquer ma passion pour l'ensemble de la filmographie de Claude Sautet...en espérant vous donner envie de (re)voir ses films.

    Les choses de la vie est certainement le film de Sautet que j’ai le plus de mal à revoir tant il me bouleverse à chaque fois, sans doute parce qu’il met en scène ce que chacun redoute : la fatalité qui fauche une vie en plein vol. Le film est en effet placé d’emblée sous le sceau de la fatalité puisqu’il débute par un accident de voiture. Et une cacophonie et une confusion qui nous placent dans la tête de Pierre (Michel Piccoli). Cet accident est le prétexte à un remarquable montage qui permet une succession de flashbacks, comme autant de pièces d’un puzzle qui, reconstitué, compose le tableau de la personnalité de Pierre et de sa vie sentimentale.

    Au volant de sa voiture, Pierre (Michel Piccoli donc), architecte d’une quarantaine d’années, est victime d’un accident. Éjecté du véhicule, il gît inconscient sur l’herbe au bord de la route. Il se remémore son passé, sa vie avec Hélène (Romy Schneider), une jeune femme qu’il voulait quitter, sa femme Catherine (Lea Massari) et son fils (Gérard Lartigau)...

    Sur la tombe de Claude Sautet, au cimetière Montparnasse, il est écrit : « Garder le calme devant la dissonance ». Voilà probablement la phrase qui définirait aussi le mieux son cinéma. Celui de la dissonance. De l’imprévu. De la note inattendue dans la quotidienneté. Et aussi parce que cette épitaphe fait référence à la passion de Claude Sautet pour la musique. Le tempo des films de Sautet est ainsi réglé comme une partition musicale, impeccablement rythmée, une partition dont on a l’impression qu’en changer une note ébranlerait l’ensemble de la composition.

    Tous les films de Sautet se caractérisent d’ailleurs aussi par le suspense (il était fasciné par Ford et Hawks) : le suspense sentimental avant tout, concourant à créer des films toujours haletants et fascinants.  Claude Sautet citait ainsi souvent la phrase de Tristan Bernard : « il faut surprendre avec ce que l’on attend ». On ne peut certainement pas reprocher au cinéma de Claude Sautet d’être démesurément explicatif. C’est au contraire un cinéma de l’implicite, des silences et du non-dit. Pascal Jardin disait de Claude Sautet qu’il « reste une fenêtre ouverte sur l’inconscient ».

    Si son premier film, Classe tous risques, est un polar avec Lino Ventura et Jean-Paul Belmondo ( Bonjour sourire, une comédie, a été renié par Claude Sautet qui n’en avait assuré que la direction artistique), nous pouvons déjà y trouver ce fond de mélancolie qui caractérise tous ses films et notamment  Les choses de la vie même si a priori Claude Sautet changeait radicalement de genre cinématographique avec cette adaptation d’un roman de Paul Guimard, écrite en collaboration avec Jean-Loup Dabadie.

     « Les films de Claude Sautet touchent tous ceux qui privilégient les personnages par rapport aux situations, tous ceux qui pensent que les hommes sont plus importants que ce qu’ils font (..). Claude Sautet c’est la vitalité. » disait ainsi Truffaut. Et en effet, le principal atout des films de Sautet, c’est la virtuosité avec laquelle sont dépeints, filmés et interprétés ses personnages qui partent de stéréotypes pour nous faire découvrir des personnalités attachantes et tellement uniques, qui se révèlent finalement éloignées de tout cliché.

    On a souvent dit de Claude Sautet qu'il était le peintre de la société des années 70 mais en réalité la complexité des sentiments de ses personnages disséquée avec une rare acuité est intemporelle.  S’il est vrai que la plupart de ses films sont des tableaux de la société contemporaine, notamment de la société d’après 1968, et de la société pompidolienne, puis giscardienne, et enfin mitterrandienne, ses personnages et les situations dans lesquelles il les implique sont avant tout universels, un peu comme  La Comédie Humaine peut s’appliquer aussi bien à notre époque qu’à celle de Balzac.

    Ce sont avant tout de ses personnages dont on se souvient après avoir vu un film de Sautet. Ses films ensuite porteront d’ailleurs presque tous des prénoms pour titres. On se dit ainsi que  Les choses de la vie aurait ainsi pu s'intituler... Hélène et Pierre.

    Même dans Quelques jours avec moi, qui ne porte pas pour titre des prénoms de personnages (un film de Sautet méconnu que je vous recommande, où son regard se fait encore plus ironique et acéré, un film irrésistiblement drôle et non dénué de douce cruauté), c’est du personnage de Pierre (interprété par Daniel Auteuil) dont on se souvient. 

    De Nelly et M. Arnaud, on se souvient d'Arnaud (Michel Serrault), magistrat à la retraite, misanthrope et solitaire, et de Nelly (Emmanuelle Béart), jeune femme au chômage qui vient de quitter son mari. Au-delà de l’autoportrait ( Serrault y ressemble étrangement à Sautet ), c’est l’implicite d’un amour magnifiquement et pudiquement esquissé, composé jusque dans la disparition progressive des livres d’Arnaud, dénudant ainsi sa bibliothèque et faisant référence à sa propre mise à nu. La scène pendant laquelle Arnaud regarde Nelly dormir, est certainement une des plus belles scènes d’amour du cinéma : silencieuse, implicite, bouleversante. Le spectateur retient son souffle et le suspense y est à son comble. Sautet a atteint la perfection dans son genre, celui qu’il a initié  avec Les choses de la vie : le thriller des sentiments.

    Dans Un cœur en hiver, là aussi, le souffle du spectateur est suspendu à chaque regard, à chaque note, à chaque geste d’une précision rare, ceux de Stephan (Daniel Auteuil). Je n’ai d'ailleurs encore jamais trouvé au cinéma de personnages aussi « travaillés » que Stéphane, ambigu, complexe qui me semble avoir une existence propre, presque vivre en dehors de l’écran. Là encore comme s'il s'agissait un thriller énigmatique, à chaque visionnage, je l’interprète différemment, un peu aussi comme une sublime musique ou œuvre d’art qui à chaque fois me ferait ressentir des émotions différentes. Stéphane est-il vraiment indifférent ? Joue-t-il un jeu ? Ne vit-il qu’à travers la musique ? « La musique c’est du rêve » dit-il.

    Et puis, évidemment,  il y a l’inoubliable César. Un des plus beaux rôles d’Yves Montand. Derrière l’exubérance et la truculence de César, on ressent constamment la mélancolie sous-jacente. Claude Beylie parlait de « drame gai » à propos de César et Rosalie, terme en général adopté pour la Règle du jeu de Renoir, qui lui sied également parfaitement.

    César, Rosalie, Nelly, Arnaud, Vincent, François, Paul, Max, Mado, …et les autres. Les films de Sautet sont donc avant tout des films de personnages. Des personnages égarés affectivement et/ou socialement, des personnages énigmatiques et ambivalents.

    Les choses de la vie, c’est le film par lequel débute  la collaboration de Claude Sautet avec le compositeur Philippe Sarde. Le thème nostalgique et mélancolique intitulé La chanson d’Hélène a aussi contribué à son succès. Sarde avait d’ailleurs fait venir Romy Schneider et Michel Piccoli en studio pour qu’ils posent leur voix sur la mélodie. Cette version, poignante, ne sera finalement pas utilisée dans le film.

    Et puis il y a les dialogues, remarquables, qui pourraient aussi être qualifiés de musiques, prononcés par les voix si mélodieuses et particulières de Romy Schneider et Michel Piccoli :  « Quel est le mot pour mentir enfin pas mentir mais raconter des histoires, mentir mais quand on invente affabuler ». « Je suis fatiguée de t'aimer. » « Brûler la lettre pour ne pas vivre seul. » Parfois ils sont cinglants aussi… : la fameuse dissonance ! Comme « Nous n'avons pas d'histoire et pour toi c'est comme les gens qui n'ont pas d'enfants c'est un échec». On songe à la magnifique lettre de Rosalie dans César et Rosalie, aux mots prononcés par la voix captivante de Romy Schneider qui pourraient être ceux d’un poème ou d’une chanson : « Ce n'est pas ton indifférence qui me tourmente, c'est le nom que je lui donne : la rancune, l'oubli. David, César sera toujours César, et toi, tu seras toujours David qui m'emmène sans m'emporter, qui me tient sans me prendre et qui m'aime sans me vouloir... ».

    Il y eut un avant et un après Les choses de la vie pour Claude Sautet mais aussi pour Romy Schneider et Michel Piccoli. La première est aussi éblouissante qu’émouvante en femme éperdument amoureuse, après La Piscine de Jacques Deray, film dans lequel elle incarnait une femme sublime, séductrice dévouée, forte, provocante. Et Michel Piccoli incarne à la fois la force, l’élégance et la fragilité et puis il y a cette voix ensorceleuse et inimitable qui semble nous murmurer son histoire à notre oreille.

    Comme dans chacun des films de Sautet, les regards ont aussi une importance cruciale. On se souvient de ces regards échangés à la fin de César et Rosalie. Et du regard tranchant de Stéphane (Daniel Auteuil) dans Un cœur en hiver…Et de ce dernier plan qui est encore affaire de regards.

    Le personnage de Stéphane ne cessera jamais de m’intriguer, comme il intrigue Camille (Emmanuelle Béart), exprimant tant d’ambiguïté dans son regard brillant ou éteint. Hors de la vie, hors du temps. Je vous le garantis, vous ne pourrez pas oublier ce crescendo émotionnel jusqu’à ce plan fixe final polysémique qui vous laisse ko et qui n’est pas sans rappeler celui de Romy Schneider à la fin de « Max et les ferrailleurs » ou de Michel Serrault (regard absent à l’aéroport) dans « Nelly et Monsieur Arnaud » ou de Montand/Frey/Schneider dans « César et Rosalie ». Le cinéma de Claude Sautet est finalement affaire de regards, qu’il avait d’une acuité incroyable, saisissante sur la complexité des êtres. Encore une digression pour vous recommander "Un coeur en hiver", mon film de Sautet préféré, une histoire d’amour, de passion(s), cruelle, intense, poétique, sublime, dissonante, mélodieuse, contradictoire, trouble et troublante, parfaitement écrite, jouée, interprétée, mise en lumière, en musique et en images (ma critique complète sur Inthemoodforcinema.com).

    Dans Les choses de la vie, on se souviendra longtemps du regard d’Hélène qui, de l’autre côté de la porte de son immeuble et à travers la vitre et la pluie, regarde, pour la dernière fois, Pierre dans la voiture, allumer sa cigarette sans la regarder, et partir vers son fatal destin. Et quand il relève la tête pour regarder elle n'est plus là et il semble le regretter. Et quand elle revient, il n’est plus là non plus. Un rendez-vous manqué d’une beauté déchirante….

    Les regards sont aussi capitaux dans la séquence sublime du restaurant dans laquelle ils passent du rendez-vous d’amour à la dispute, une scène qu’ils ne paraissent pas jouer mais vivre sous nos yeux, dans un de ces fameux cafés ou brasseries qu’on retrouvera ensuite dans tous les films de Claude Sautet, dans les scènes de groupe dont Vincent, François, Paul et les autres est le film emblématique. On retrouvera aussi la solitude dans et malgré le groupe. « A chaque film, je me dis toujours : non, cette fois tu n’y tournes pas. Et puis, je ne peux pas m’en empêcher. Les cafés, c’est comme Paris, c’est vraiment mon univers. C’est à travers eux que je vois la vie. Des instants de solitude et de rêvasseries. »  dira ainsi Claude Sautet. On retrouvera souvent les personnages filmés à travers les vitres de ces mêmes cafés, des scènes de pluie qui sont souvent un élément déclencheur, des scènes de colère (peut-être inspirées par les scènes de colère incontournables dans les films de Jean Gabin, Sautet ayant ainsi revu Le jour se lève …17 fois en un mois!), des femmes combatives souvent incarnées par Romy Schneider puis par Emmanuelle Béart, des fins souvent ouvertes.

    Annie Girardot et Yves Montand puis Lino Ventura déclinèrent les rôles d'Hélène et de Pierre dans Les choses de la vie. Romy Schneider et Michel Piccoli seront ainsi à jamais Hélène et Pierre. Inoubliables. Comme le rouge d’une fleur. Peut-être la dernière chose que verra Pierre qui lui rappelle le rouge de la robe d’Hélène. Comme cet homme seul sous la pluie, mortellement blessé, gisant dans l'indifférence, tandis que celle qu’il aime, folle d’amour et d’enthousiasme, lui achète des chemises. Et que lui rêve d’un banquet funèbre. Et qu’il murmure ces mots avec son dernier souffle de vie qui, là encore, résonnent comme les paroles d’une chanson :  «J'entends les gens dans le jardin. J'entends même le vent. » Et ces vêtements ensanglantés ramassés un à un par une infirmière, anonymes, inertes.

    Je termine toujours ou presque la vision d’un film de Sautet bouleversée, avec l’envie de vivre plus intensément encore car là était le véritable objectif de Claude Sautet : nous « faire aimer la vie »…et il y est parvenu, magistralement. En nous racontant des « histoires simples », il a dessiné des personnages complexes qui nous parlent si bien de « choses de la vie ». Claude Sautet, en 14 films, a su imposer un style, des films inoubliables, un cinéma du désenchantement enchanteur, d’une savoureuse mélancolie, de l’ambivalence et de la dissonance jubilatoires, une symphonie magistrale dont chaque film est un morceau unique indissociable de l’ensemble, et celui-ci est sans doute le plus tragique et poignant.

    Il y a les cinéastes qui vous font aimer le cinéma, ceux qui vous donnent envie de faire du cinéma, ceux qui vous font appréhender la vie différemment, voire l’aimer davantage encore. Claude Sautet, pour moi, réunit toutes ces qualités.

    Certains films sont ainsi comme des rencontres, qui vous portent, vous enrichissent, vous influencent ou vous transforment même parfois. Les films de Claude Sautet font partie de cette rare catégorie et de celle, tout aussi parcimonieuse, des films dont le plaisir à les revoir, même pour la dixième fois, est toujours accru par rapport à la première projection. J’ai beau connaître les répliques par cœur, à chaque fois César et Rosalie m’emportent dans leur tourbillon de vie joyeusement désordonné, exalté et exaltant. J’ai beau connaître par cœur Les choses de la vie  et le destin tragique de Pierre me bouleverse toujours autant et ce « brûle la lettre » ne cesse de résonner encore et encore comme une ultime dissonance.

    Les choses de la vie obtint le Prix Louis-Delluc 1970 et connut aussi un grand succès public.

  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2019 : Gabriel Yared, Invité d'Honneur

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    La 6ème édition du Festival Cinéma & Musique de Film de La Baule organisée par Christophe Barratier et Sam Bobino, aura lieu du 6 au 11 novembre 2019.
    Le Festival vient de dévoiler l'enthousiasmante première nouvelle concernant cette édition. L'Invité d’Honneur de cette 6ème édition sera en effet le compositeur international Gabriel Yared, oscarisé en 1997 pour la musique du film Le patient anglais (The English Patient) de Anthony Minghella.
    Cet hommage lui sera rendu à l’occasion de son 70ème anniversaire et de ses 40 ans de carrière avec plus de 100 musiques de films composées essentiellement pour le cinéma.
    Gabriel Yared sera le 6ème compositeur honoré par le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, après Francis Lai, Michel Legrand, Lalo Schifrin, Vladimir Cosma et Eric Serra en 2018. A cette occasion, Gabriel Yared donnera un concert à La Baule ainsi qu’une Master Class les 10 et 11 novembre prochain.
    Plus de renseignements : WWW.FESTIVAL-LABAULE.
    Retrouvez également mes nombreux articles sur les précédentes éditions du Festival et le compte rendu de chaque édition depuis la première année sur Inthemoodforcinema.com (liens dans la colonne de droite).
    Retrouvez aussi une nouvelle dont l'intrigue se déroule intégralement dans le cadre du Festival dans mon recueil "Les illusions parallèles". (Éditions du 38)

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  • Programme du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2018 (à suivre en direct)

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    Chaque année, depuis sa première édition, je vous parle avec enthousiasme de ce Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule dont ce sera le cinquième anniversaire, du  6 au 11 novembre 2018, avec un programme qui s'annonce d'ores et déjà particulièrement alléchant.

    Du 7 au 11 novembre, vous pourrez me suivre en direct du festival sur twitter (@Sandra_Meziere) et instagram (@sandra_meziere). Comme chaque année, vous pourrez bien sûr également retrouver un compte rendu très détaillé après celui-ci.

    Avant d'évoquer en détails cette édition 2018, avec, 43 films projetés sur 6 jours :

     - 19 longs métrages en avant-premières ou inédits, dont 7 en Compétition

     - 13 longs métrages « Classics » ou déjà sortis en salle

    - 11 courts métrages en Compétition et

    - 5 courts métrages « Jeunes talents Adami »

     + - 4 master class - 1 rencontre avec les compositeurs

    je vous propose, ci-dessous, de retrouver mes bilans détaillés des éditions précédentes :

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    Compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2017

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    Compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014

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    Compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015

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    Compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016.

    Ce festival a été créé en 2014  par Sam Bobino ( qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif) et par le cinéaste Christophe Barratier Cet évènement cinématographique et musical  a lieu dans le décor idyllique de La Baule, entre la plus belle plage du monde bordée de ses célèbres pins, ses palaces mythiques, la majestueuse salle Atlantia et le cinéma le Gulf Stream.

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    Ce festival est d'ailleurs le cadre de l’une des 16 nouvelles de mon recueil sur le cinéma  Les illusions parallèles ( publié par les Editions du 38 et réédité cette semaine avec une nouvelle couverture).

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    Cette année, le thème du festival sera « le Cinéma et la Mer ». Il rendra hommage à Eric Serra, le compositeur des films de Luc Besson. En effet, cette année correspond au 30ème anniversaire du film mythique Le Grand Bleu. A travers le thème de la mer à l'honneur cette année et avec cet hommage,  ce sont donc les océans et l'Aventure des mers avec un grand "A", celle des pirates et des navigateurs intrépides, qui seront à l’honneur. Pour illustrer ce thème, c’est l’artiste Sébastien Dupouey (déjà à l’origine des deux précédentes affiches du festival), qui a réalisé cette nouvelle affiche qui met en avant « le grand bleu » avec une tortue des mers en voie de disparition, comme celle qu’on a pu apercevoir récemment dans la baie de La Baule. Le thème du « Cinéma et de la Mer » a aussi pour objectif de sensibiliser le public et surtout les plus jeunes, sur la nécessité de préserver les océans et sa faune. En raison de l’actualité, les femmes et les droits des femmes, ont été particulièrement mis en avant cette année. Les organisateurs du festival, Christophe Barratier et Sam Bobino, ont souhaité  aussi rendre hommage, à leur manière, à toutes ces femmes courageuses, de par le monde, en choisissant comme principal personnage de leur affiche, une femme.  Cette femme-sirène est vêtue d’une tenue écarlate, qui n’est pas sans rappeler les tenues glamour des galas et des tapis rouges souvent associés au cinéma. Les deux personnages de l’affiche vont de l’obscurité des abysses vers la lumière de la surface, à l’image des spectateurs dans les salles de cinéma, attirés par la luminosité de l’écran. Enfin, un clin d’œil est fait à la victoire de l’équipe de France de football lors de la Coupe du Monde, puisque l’affiche arbore fièrement les couleurs tricolores. 

    Éric Serra donnera un concert à l'occasion de la soirée de clôture du Festival le samedi 10 novembre, au Palais des Congrès Atlantia de La Baule.

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    Autre événement , en préouverture du Festival : Depardieu chantera Barbara le 3 novembre 2018. Le samedi 3 novembre à 20 h au Palais des Congrès Atlantia à La Baule, Gérard Depardieu et Gérard Daguerre (pianiste de Barbara) feront revivre les textes sublimes de Barbara sur scène. Un spectacle grandiose servi par un Gérard Depardieu émouvant et particulièrement talentueux. Le Festival lui remettra un Ibis d'Or pour l'ensemble de sa carrière. Gérard Depardieu, véritable monstre sacré du cinéma, viendra exceptionnellement à La Baule pour nous faire revivre les sublimes textes de Barbara. Une heure trente de bonheur que les deux artistes partageront avec le public de La Baule, en pré-ouverture du 5ème Festival du Cinéma et Musique de Film. Un concert qui s’annonce inoubliable, à ne manquer sous aucun prétexte 

    Réservations au 02 40 11 51 51 ou sur : billeterie.atlantia-labaule.com

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    Vous pourrez également profiter du concert UK on the Rocks - Voyage au cœur du rock britannique

     Très haute en couleurs, l'ouverture du festival, en présence de l'ensemble du jury et de nombreux invités, démarrera en effet avec le concert « décoiffant » de UK on the Rocks.  Inspirée de l’histoire réelle de Radio Caroline (radio pirate des années 60), qui elle-même a inspiré le film Good Morning England, UK On The Rocks et son DJ Mister Wood vous embarquent au cœur d’une radio pirate britannique avec une véritable émission en direct en guise de spectacle scénique. Un grand voyage musical, des années soixante à nos jours, des Kinks à Muse en passant par Les Beatles, The Rolling Stones, Police, Pink Floyd, U2, The Cure ou Blur… Deux heures de concert où s’entrechoquent les hits des plus grands groupes de rock britannique de tous les temps ! Et cette année, un hommage sera rendu, tout particulièrement, au groupe Queen à l'occasion de la sortie en salle du biopic consacré à Freddie Mercury, Bohemian Rhapsody. 

     Concert « UK on the Rocks »  & Cérémonie d’Ouverture du Festival, Mardi 6 novembre 2018 à 20h30 au Palais des Congrès Atlantia

      Réservations au 02 40 11 51 51 ou sur : billeterie.atlantia-labaule.com

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    Autre hommage, à Jacques Perrin, avec la projection de son film Océan, suivie d'une Master Class ouverte au public.

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    Fanny Ardant et Michael Lonsdale seront également honorés. Ils recevront  un Ibis d'Or pour l'ensemble de leur carrière lors de la cérémonie de clôture le samedi 10 novembre.

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    L'hommage à Fanny Ardant : peut-être l'occasion de revoir le sublime film de François Truffaut La femme d'à côté dont est extraite la photo ci-dessus et dont vous pouvez retrouver ma critique, ici ?

     Cette année 11 Ibis seront décernés. 7 pour les films longs et courts en compétition et 4 qui récompenseront des personnalités emblématiques du cinéma et de la musique de film pour l’ensemble de leur carrière.
     

    - Ibis d’Or du Meilleur Film

    - Ibis d’Or de la Meilleure Musique de Film

    - Ibis d’Or du Meilleur Scénario

    - Ibis d’Or du Meilleur Acteur

    - Ibis d’Or de la Meilleure Actrice 

    - Ibis d’Or Prix du Public  - Groupe Barrière

    - Ibis d’Or du Meilleur Court Métrage  - AG2R LA MONDIALE  

    Ibis d’Or d’Honneur : Gérard Depardieu 

    Ibis d’Or d’Honneur : Eric Serra

      Ibis d’Or d’Honneur : Jacques Perrin 

    Ibis d’Or d’Honneur : Michael Lonsdale

     

     Le jury sera présidé par la comédienne Catherine Jacob et composé de :

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    Mathieu LAMBOLEY (compositeur) 

    Audrey FLEUROT (comédienne) 

    Philippe KELLY  (compositeur)

    Axelle LAFFONT (comédienne)

    Alex JAFFRAY (compositeur, producteur, journaliste)

    Ils auront la passionnante tâche de visionner et départager les 7 FILMS EN COMPETITION suivants :

    1. « Remi sans famille », comédie dramatique de Antoine Blossier, avec Daniel Auteuil, Jacques Perrin, Jonathan Zaccaï, Ludivine Sagnier, Virginie Ledoyen / musique de Romaric Laurence (Date de sortie 12 décembre 2018)

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     Les aventures du jeune Rémi, orphelin recueilli par la douce Madame Barberin. A l’âge de 10 ans, il est arraché à sa mère adoptive et confié au Signor Vitalis, un mystérieux musicien ambulant. A ses côtés, il va apprendre la rude vie de saltimbanque et à chanter pour gagner son pain. Accompagné du fidèle chien Capi et du petit singe Joli-Cœur, son long voyage à travers la France, fait de rencontres, d’amitiés et d’entraide, le mène au secret de ses origines…

    2. « Sauver ou périr », drame de Frédéric Tellier avec Pierre Niney, Anaïs Demoustier, Vincent Rottiers / Musique de Christophe Lapinta (Fr.) (date de sortie : 28 novembre 2018)

    Sauver ou périr de Frédéric Tellier.jpg

     Franck est Sapeur-Pompier de Paris. Il sauve des gens. Il vit dans la caserne avec sa femme qui accouche de jumelles. Il est heureux. Lors d’une intervention sur un incendie, il se sacrifie pour sauver ses hommes. A son réveil dans un centre de traitement des Grands Brûlés, il comprend que son visage a fondu dans les flammes. Il va devoir réapprendre à vivre, et accepter d’être sauvé à son tour.

    «3.  A 2 heures de Paris », comédie de Virginie Verrier, avec Erika Sainte, Fred Testot, Shirley Bousquet, Thierry Frémont / musique de Dr(Dr)one  (Fr.)  (date de sortie 2018)

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     Sidonie, une jeune hôtesse de l’air d’une trentenaine d’années, élève seule sa fille de 15 ans, Lolo, née de père inconnu. Pour satisfaire la curiosité grandissante de l'ado sur ses origines, Sidonie l'embarque dans sa région natale, en Baie de Somme, à la recherche des pères potentiels. Le but du voyage : glaner sur chacun de ces messieurs un utile cheveu pour un test ADN de paternité. Ils sont cinq : un garagiste mélancolique, un artiste/peintre playboy décati, une ancienne gloire du foot local, un patron de boite de nuit et un médecin de campagne volage... Cinq hommes, cinq souvenirs, cinq confrontations avec son passé.

    4. « Amare, Amaro », drame de Julien Paolini, avec Syrus Shahidi / musique de Pasquale Filasto (Italie / Fr.) (sans date de sortie)

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    Gaetano a décidé qu'il allait enterrer son défunt frère au près des siens coûte que coûte, quitte à braver les lois de son village sicilien et se mettre en danger lui et sa famille.

    5. « Au bout des doigts », comédie de Ludovic Bernard, avec Lambert Wilson, Kristin ScottThomas / Musique de Harry Aallouche  (Fr.) (date de sortie 26 décembre 2018) 

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     La musique est le secret de Mathieu Malinski, un sujet dont il n’ose pas parler dans sa banlieue où il traîne avec ses potes. Alors qu’un des petits cambriolages qu’il fait avec ces derniers le mène aux portes de la prison, Pierre Geitner, directeur du Conservatoire National Supérieur de Musique l’en sort en échange d’heures d’intérêt général. Mais Pierre a une toute autre idée en tête… Il a décelé en Mathieu un futur très grand pianiste qu’il inscrit au concours national de piano. Mathieu entre dans un nouveau monde dont il ignore les codes, suit les cours de l’intransigeante « Comtesse » et rencontre Anna dont il tombe amoureux. Pour réussir ce concours pour lequel tous jouent leur destin, Mathieu, Pierre et la Comtesse devront apprendre à dépasser leurs préjugés…

    6. 

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    7. 

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    Le festival vous permettra aussi de découvrir des AVANT-PREMIERES HORS-COMPETITION (ou inédits, récents)

    « Ma mère est folle », de Diane Kurys, avec Fanny Ardant, Vianney, Patrick Chesnais / Musique de Paolo Buenvino (Fr.)  (date de sortie : 5 décembre 2018)  - Première projection mondiale -

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     Nina est une mère un peu folle, Baptiste un fils un peu trop sage. Fâchés depuis longtemps ils se retrouvent pour l’aventure de leur vie. Au cours d’un voyage improbable, drôle et émouvant, ils vont rattraper le temps perdu, apprendre à se connaître enfin et s’aimer à nouveau.

    « Les invisibles », de Louis Julien-Petit, avec Audrey Lamy, Corinne Masiero / musique de Laurent Perez del Mar  (Fr.) (Date de sortie : 9 janvier 2019)

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     Suite à une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis !

    « Chacun pour tous » comédie de Vianney Lebasque, avec Ahmed Sylla, Jean-Pierre Darroussin, Camélia Jordana, Olivier Barthelemy, Esteban / Musique de Audrey Ismalel & Bastien Burger (Fr.) (Date de sortie : 7 novembre 2018)

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     Martin, coach de l’équipe française de basketteurs déficients mentaux, est au pied du mur. En pleine préparation des Jeux Paralympiques, ses meilleurs joueurs viennent de le laisser tomber. Refusant de perdre la subvention qui est vitale pour sa fédération, il décide de tricher pour participer coûte que coûte à la compétition. Il complète son effectif par des joueurs valides, dont Stan et Pippo, deux trentenaires désœuvrés. Même Julia, la psychologue de la fédération, ne s’aperçoit pas de la supercherie. En s’envolant pour Sydney, Martin est loin d’imaginer le mélange explosif qu’il vient de créer.

    « Alien Crystal Palace », thriller musical de Arielle Dombasle, avec Josephine de la Baume, Nicolas Ker, Jean-Pierre Léaud  / Musique de Nicolas Ker (Fr.) (sans date de sortie)

     Une tragédie musicale...

    « Sharkwater Extinction », documentaire de Rob Stewart / musique de Johnathan Goldsmith  (USA) (sans date de sortie)  -  Première projection en Europe -

     Ce documentaire, qui fait suite aux Seigneurs de la mer / Sharkwater, traite de la relation entre l'Homme et le plus grand prédateur de la planète, le requin. Et comment notre peur des requins et notre complaisance de consommateurs a a autorisé le massacre des requins, transformés en rouge à lèvres, crèmes, aliments pour animaux, nourriture, fertilisant et même des sandwichs.

    « 16 levers de soleil », documentaire de Pierre-Emmanuel Le Goff, avec Thomas Pesquet  (Fr.) (octobre 2018) 

     S'envoler pour l'espace. C'est ce rêve que Thomas Pesquet a réalisé en décollant depuis la base de Baïkonour. A 450 kilomètres de la Terre, durant ces six mois où le monde semble basculer dans l’inconnu, un dialogue se tisse entre l'astronaute et l’œuvre visionnaire de Saint Exupéry qu’il a emportée dans la station spatiale

    « Les goûts et les couleurs », comédie de Myriam Aziza, avec Catherine Jacob (Fr.) (2018 / inédit au cinéma) 

     Simone est en couple avec Claire depuis trois ans, mais elle n'en a jamais parlé à sa famille. Entre sa mère folle, son père traditionaliste et ses deux frères qui essaient toujours de lui faire rencontrer des hommes, il est difficile pour Simone de vivre ouvertement. Les choses se compliquent encore lorsqu'elle tombe amoureuse du chef sénégalais Wali, en partie grâce à ses talents de cuisinier. Partagée entre Claire, Wali et sa famille, Simone devra faire des choix difficiles.

    « L’homme dauphin – sur les traces de Jacques Mayol », documentaire de Lefteris Charitos, avec la voix de Jean-Marc Barr, musique de Mathieu Lamboley (sortie 2018)

     En 1988, sort le Grand Bleu, un film qui s’inspire de l’histoire de Jacques Mayol. Ce plongeur en apnée jusque-là quasi inconnu, devient soudain une star internationale. Son histoire a influencé toute une génération de jeunes gens dans leur manière d’appréhender la mer. Un voyage sur les traces de cet amoureux de la mer, pour découvrir ce que fût sa vie et quel héritage a laissé derrière lui cet homme qui fut le premier à descendre à 100 mètres de profondeur en plongée libre.

    « Mary et la fleur de la sorcière », film d’animation de Hiromasa Yonabayashi (Japon) (2018)

     C'est l'été. Mary vient d’emménager chez sa grand-tante dans le village de Manoir Rouge. Dans la forêt voisine, elle découvre une fleur mystérieuse qui ne fleurit qu'une fois tous les 7 ans. On l'appelle la "fleur de la sorcière". Pour une nuit seulement, grâce à la fleur, Mary possèdera des pouvoirs magiques et pourra entrer à Endor, l’école la plus renommée dans le monde de la magie, qui s'élève au-dessus du ciel, au-delà des nuages. Le secret de la fleur de la sorcière se révèlera à elle petit à petit…

    « Le Retour du héros » de Laurent Tirard, musique de Mathieu Lamboley (Fr.)

     « Monsieur et Madame Adelman » de Nicolas Bedos, musique de Philippe Kelly (Fr.)

     «  Milf » de Axelle Laffont (Fr.)

    Vous pourrez également (re) voir des  films  "classiques" :       

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    « Les Aventures fantastiques » de Karel Zeman

     « Atlantis » de Luc Besson

    « Subway » de Luc Besson

    « L’Odyssée de Pi » de Ang Lee

    « Faubourg 36 » de Christophe Barratier  (Spécial 10ème anniversaire)

    « Moby Dick » de John Huston

    « Maestro » de Léa Fazer

    « Océans » de Jacques Perrin

     « Abyss » de James Cameron

     « Le Grand Bleu » de Luc Besson (version longue - Spécial 30ème anniversaire)

     

     Egalement au programme, des COURTS METRAGES EN COMPETITION : 

     

    « ICARE » de Nicolas Boucart, Musique : Manu Roland (27’12)

    « ORAGE PAR CIEL CLAIR » de Yohan Faure, Musique de Stéphane Lopez (20 )

    “AMA” de Julie Gautier, Musique :  Ezio Bosso (6’40)

    « LES JOUVENCELLES » de Delphine Corrard, avec Annie Cordy, Musique : Antoine  Duchene (20’)

     « DEUX MAINS » de Michaël Barocas, Musique : Jean-Michel Bernard (4’)

     « LENDEMAINS FUNEBRES » de Ambroise Michel, Musique : Mathieu Alvado (18’30)

     “LE SEPTIEME CONTINENT” de Noé Debré, avec Thomas Blumenthal (22’20)

     “HORS SAISON “ de Stella Di Tocco (20’46)

    « LE CLUB » de Esteban (15’) 

    “EPHEMERAL” de Pierre Watteyne (4’)

    “EN TOUT BIEN TOUT HONNEUR” de Olivier Chavarot (20’) 

    Le Festival de La Baule propose aussi de nombreuses MASTER CLASS ET RENCONTRES                    

    Animées par Stéphane Lerouge, specialiste de la musique à l’image, les masterclass sont conçues comme des séances de réflexion et de vulgarisation, à destination du grand public. Extraits à l'appui, elles permettent aux invités d’évoquer les choix de leur parcours et, notamment aux cinéastes et compositeurs, de montrer comment un film s'écrit aussi par sa musique. 

     Michael Lonsdale Mercredi 7 novembre, 19h, Gulf-Stream

     Hommagé à l’ouverture du Festival, le grand Michael Lonsdale racontera comment il est parvenu à ajuster sa personnalité insolite à l’univers de cinéastes aussi différents que Jean-Pierre Mocky, Marguerite Duras, Orson Welles, Georges Lautner, Steven Spielberg, Xavier Beauvois. Une rencontre unique avec un monstre sacré de l’écran et de la scène, habité par la foi, celle de son métier et celle de Dieu. 

     Mathieu Lamboley Jeudi 8 novembre, 19h, Gulf-Stream

     Chaque année, le Festival met à l’honneur un jeune talent de la musique pour l’image : cette année, ce sera Mathieu Lamboley. Révélée par plusieurs comédies (Lolo, Toute première fois, Daddy cool), son écriture a touché un large public en 2018 avec le doublé Le Retour du héros de Laurent Tirard et le film d’animation Minuscule. Rencontre avec un compositeur qui représente l’émergence d’une nouvelle génération. 

    Jacques Perrin Vendredi 9 novembre, 18h30, Gulf-Stream

     D’abord comme comédien, puis comme producteur, Jacques Perrin a fait des rencontres musicales essentielles : Ennio Morricone (sur Le Désert des Tartares qu’il produit ou Cinéma Paradiso), Mikis Theodorakis (qui met en musique Z et Etat de siège), ou encore Jacques Loussier. Son passage à la mise en scène scelle sa fraternité avec Bruno Coulais : il nous racontera quelle dimension supplémentaire la musique apporte à son triptyque de contes naturels : Le Peuple migrateur, Océans et Les Saisons. 

    Eric Serra  Dimanche 11 novembre, 14h30, Gulf-Stream

     Le lendemain de son concert à Atlantia, Eric Serra évoquera sa démarche novatrice, comment il fait la synthèse de ses cultures pop, rock et jazz pour forger un langage propre à l’esthétique cinématographique de Luc Besson. Et qui sache également

    Jacques Perrin Vendredi 9 novembre, 18h30, Gulf-Stream

     D’abord comme comédien, puis comme producteur, Jacques Perrin a fait des rencontres musicales essentielles : Ennio Morricone (sur Le Désert des Tartares qu’il produit ou Cinéma Paradiso), Mikis Theodorakis (qui met en musique Z et Etat de siège), ou encore Jacques Loussier. Son passage à la mise en scène scelle sa fraternité avec Bruno Coulais : il nous racontera quelle dimension supplémentaire la musique apporte à son triptyque de contes naturels : Le Peuple migrateur, Océans et Les Saisons. 

    Eric Serra  Dimanche 11 novembre, 14h30, Gulf-Stream

     Le lendemain de son concert à Atlantia, Eric Serra évoquera sa démarche novatrice, comment il fait la synthèse de ses cultures pop, rock et jazz pour forger un langage propre à l’esthétique cinématographique de Luc Besson. Et qui sache également accompagner son évolution, du Dernier combat (1982) à Anna (2019). Il sera également question de ses collaborations avec Danièle Thompson, John McTiernan ou Martin Campbell sur GoldenEye, James Bond fondateur de l’ère Pierce Brosnan. 

    + Une Master Class spéciale « Scolaire » sera également organisée au LycéeCollège Grand Air de La Baule en présence de Eric Serra et animée également par Stéphane Lerouge, le Vendredi 9 novembre dans l’après-midi               

                                                   RENCONTRE AVEC LES COMPOSITEURS

     Table ronde : « Compositeur de musique à l'image : une passion pour métier ». Les compositeurs lauréats des Prix UCMF 2018 et ceux présents durant le festival évoqueront leur parcours et partageront leur passion pour la musique à l’image. 

    (Rencontre animée par Alex Jaffray, en partenariat avec l’UCMF et la SACEM) 

    Compositeurs attendus :

     Christophe Julien (Compositeur, Prix UCMF catégorie Cinéma pour Au Revoir làhaut, d'Albert Dupontel)

     Rob (Compositeur, Prix UCMF catégorie Audiovisuel pour Un Ciel radieux, de Nicolas Boukhrief)

     Olivier Cussac (Compositeur, Prix UCMF catégorie Jeune Espoir pour Les As de la Jungle, de David Alaux)

     Mathieu Alvado (Compositeur, Prix UCMF catégorie Court-Métrage pour A song for the whales, de Lorenzo Fresta)

     Selma Mutal (Compositeur, Prix UCMF catégorie Nouveaux Média pour Block'Hood, jeu vidéo)

     Mathieu Lamboley (Compositeur, Le retour du héros, de Laurent Tirard)

     Philippe Kelly (Compositeur, Mr & Mrs Adelman, de Nicolas Bedos)

     Jean-Michel Bernard (Compositeur, Ni une, ni deux, de Anne Giafferi)

     Laurent Perez Del Mar (Compositeur, Les Invisibles, de Louis-Julien Petit)

    Dimanche 11 novembre, 10h au Cinéma le Gulf Stream

                

    En bonus, je vous propose mes articles détaillés sur deux établissements partenaires du Festival :

    -Hôtel Barrière Le Royal La Baule : mon adresse coup de coeur

    -Hôtel Barrière L'Hermitage à La Baule : mon avis

    INFORMATIONS PRATIQUES

    PASS FESTIVAL donnant accès à l’ensemble du Festival du 6 au 11 novembre (à l’exception des concerts, soirées d’ouverture et de remise des prix) disponible à partir du 27 octobre directement auprès du cinéma de La Baule Le Gulf Stream (Tél : 02 51 75 15 41). Tarifs: 49€ adulte, 30€ -25 ans, 20€ Pass journée (tarif unique), 15€ demandeur d’emploi (sur présentation de la carte), gratuit -14 ans (toutes les projections auront lieu au cinéma de La Baule le Gulf Stream)   CONCERT « DEPARDIEU CHANTE BARBARA », en pré-ouverture du Festival, le Samedi 03 novembre à 20h à Atlantia : Tarif : à partir de 89€ (Réservation Palais des congrès Atlantia au 02 40 11 51 51 ou http://billetterie.atlantia-labaule.com)

    CONCERT « UK ON THE ROCKS » et Soirée d’ouverture du Festival, le Mardi 06 novembre à 20h30 à Atlantia : Tarif unique : 35€ (Réservation Palais des congrès Atlantia au 02 40 11 51 51 ou http://billetterie.atlantia-labaule.com)   CONCERT « ERIC SERRA » et Soirée de remise des prix du Festival, le Samedi 10 novembre à 19h30 à Atlantia : Tarif : à partir de 54€ (Réservation Palais des congrès Atlantia au 02 40 11 51 51 ou http://billetterie.atlantia-labaule.com)  

    L’EXPOSITION « Des souvenirs pour mémoire »  du 01 au 13 novembre, tous les jours 14h19h, au centre culturel Chapelle Sainte-Anne (Place du Maréchal Leclerc, 44500 La Baule) – Entrée libre – 

    LA RENCONTRE AVEC LES ARTISTES à la Halle du Marché de La Baule aura lieu le Dimanche 11 novembre 2018 de 11h30 à 12h30 – Accès libre -

    Pour en savoir plus sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule : 

    http://www.festival-labaule.com/ 

  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2018 : programme (premières informations)

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    Chaque année, depuis sa première édition, je vous parle avec enthousiasme de ce Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule dont ce sera le cinquième anniversaire, du  6 au 11 novembre 2018, avec un programme qui s'annonce d'ores et déjà particulièrement alléchant. Avant d'évoquer en détails cette édition 2018, je vous propose, ci-dessous, de retrouver mes bilans détaillés des éditions précédentes :

     

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    Compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2017

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    Compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014

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    Compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015

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    Compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016.

    Ce festival a été créé en 2014  par Sam Bobino ( qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif) et par le cinéaste Christophe Barratier Cet évènement cinématographique et musical  a lieu dans le décor idyllique de La Baule, entre la plus belle plage du monde bordée de ses célèbres pins, ses palaces mythiques, la majestueuse salle Atlantia et le cinéma le Gulf Stream.

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    Ce festival est d'ailleurs le cadre de l’une des 16 nouvelles de mon recueil sur le cinéma  Les illusions parallèles ( publié par les Editions du 38 et réédité cette semaine avec une nouvelle couverture).

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    Cette année, le thème du festival sera « le Cinéma et la Mer ». Il rendra hommage à Eric Serra, le compositeur des films de Luc Besson. En effet, cette année correspond au 30ème anniversaire du film mythique Le Grand Bleu. A travers le thème de la mer à l'honneur cette année et avec cet hommage,  ce sont donc les océans et l'Aventure des mers avec un grand "A", celle des pirates et des navigateurs intrépides, qui seront à l’honneur. Pour illustrer ce thème, c’est l’artiste Sébastien Dupouey (déjà à l’origine des deux précédentes affiches du festival), qui a réalisé cette nouvelle affiche qui met en avant « le grand bleu » avec une tortue des mers en voie de disparition, comme celle qu’on a pu apercevoir récemment dans la baie de La Baule. Le thème du « Cinéma et de la Mer » a aussi pour objectif de sensibiliser le public et surtout les plus jeunes, sur la nécessité de préserver les océans et sa faune. En raison de l’actualité, les femmes et les droits des femmes, ont été particulièrement mis en avant cette année. Les organisateurs du festival, Christophe Barratier et Sam Bobino, ont souhaité  aussi rendre hommage, à leur manière, à toutes ces femmes courageuses, de par le monde, en choisissant comme principal personnage de leur affiche, une femme.  Cette femme-sirène est vêtue d’une tenue écarlate, qui n’est pas sans rappeler les tenues glamour des galas et des tapis rouges souvent associés au cinéma. Les deux personnages de l’affiche vont de l’obscurité des abysses vers la lumière de la surface, à l’image des spectateurs dans les salles de cinéma, attirés par la luminosité de l’écran. Enfin, un clin d’œil est fait à la victoire de l’équipe de France de football lors de la Coupe du Monde, puisque l’affiche arbore fièrement les couleurs tricolores. 

    Éric Serra donnera un concert à l'occasion de la soirée de clôture du Festival le samedi 10 novembre, au Palais des Congrès Atlantia de La Baule.

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    Autre événement , en préouverture du Festival : Depardieu chantera Barbara le 3 novembre 2018. Le samedi 3 novembre à 20 h au Palais des Congrès Atlantia à La Baule, Gérard Depardieu et Gérard Daguerre (pianiste de Barbara) feront revivre les textes sublimes de Barbara sur scène. Un spectacle grandiose servi par un Gérard Depardieu émouvant et particulièrement talentueux. Le Festival lui remettra un Ibis d'Or pour l'ensemble de sa carrière. Gérard Depardieu, véritable monstre sacré du cinéma, viendra exceptionnellement à La Baule pour nous faire revivre les sublimes textes de Barbara. UUne heure trente de bonheur que les deux artistes partageront avec le public de La Baule, en pré-ouverture du 5ème Festival du Cinéma et Musique de Film. Un concert qui s’annonce inoubliable, à ne manquer sous aucun prétexte !

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    Autre hommage, à Jacques Perrin, avec la projection de son film Océan, suivie d'une Master Class ouverte au public.

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    Fanny Ardant et Michael Lonsdale seront également honorés. Ils recevront  un Ibis d'Or pour l'ensemble de leur carrière lors de la cérémonie de clôture le samedi 10 novembre.

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    L'hommage à Fanny Ardant : peut-être l'occasion de revoir le sublime film de François Truffaut La femme d'à côté dont est extraite la photo ci-dessus et dont vous pouvez retrouver ma critique, ici ?

    Christophe Barratier et Sam Bobino, présidents du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, annonceront d’ici quelques jours, la composition des membres du jury et la liste des films en compétition.

    En bonus, je vous propose mes articles détaillés sur deux établissements partenaires du Festival :

    -Hôtel Barrière Le Royal La Baule : mon adresse coup de coeur

    -Hôtel Barrière L'Hermitage à La Baule : mon avis

    Pour en savoir plus sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule : http://www.festival-labaule.com/ 

     

  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2018 : premières informations

     

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    Je n’ai manqué aucune des  quatre premières éditions du Festival du Cinéma et Musique de Film de la Baule qui s’installe progressivement comme un rendez-vous cinématographique incontournable. Lors des quatre premières éditions de ce festival créé en 2014  par Sam Bobino ( qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif) et par le cinéaste Christophe Barratier, je vous avais fait part de mon enthousiasme pour ce nouvel évènement cinématographique et musical qui a lieu dans le décor idyllique de La Baule, avec sa plage mythique bordée de ses célèbres pins, ses palaces mythiques, la majestueuse salle Atlantia et le cinéma le Gulf Stream, un festival  qui est d'ailleurs le cadre de l’une des nouvelles de mon recueil Les illusions parallèles. (Editions du 38). Au programme notamment des années passées : des concerts de Michel Legrand, Vladimir Cosma, Lalo Schifrin... et un palmarès qui, à chaque fois, a récompensé des films parmi les meilleurs de l'année à l'exemple du remarquable film tunisien A peine j'ouvre les yeux de Leyla Bouzid.

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    Après une belle quatrième édition (avec, notamment un inoubliable concert de Vladimir Cosma, retrouvez mon compte rendu de cette édition 2017 et du concert, ici), la 5ème édition du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule aura lieu du 6 au 11 novembre 2018 et aura pour thème cette année : « la mer ». Il mettra à l'honneur La grande bleue ou plutôt Le Grand Bleu puisque cette année correspond au 30ème anniversaire du mythique film de Luc Besson.

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    Autour de l'hommage qui sera rendu au compositeur de la musique du Grand Bleu Eric Serra (qui donnera un grand concert au Palais des Congrès Atlantia) et à l'univers de son cinéaste fétiche, ce sont donc les océans et l'Aventure avec un grand "A", celle des mers, des pirates et des navigateurs intrépides, qui sera à l’honneur. Ce thème permettra aussi de sensibiliser le public, et surtout les plus jeunes, sur la nécessité de préserver les océans et sa faune et plus particulièrement les tortues des mers aujourd’hui gravement menacées de disparition. Et toujours au programme de nombreuses avant-premières en présence des équipes des films, ciné-concerts, rencontres, master class, expositions, animations...

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    Pour tout savoir sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule :

    -le site officiel du festival

    -Mon compte rendu de la 1ère édition du festival (2014)

    la baule,festival,cinéma,musique,festival du cinéma et musique de film,in the mood for cinema,eric serra

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    -Mon compte rendu de la 2ème édition du festival (2015)

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    -Mon compte rendu de la 3ème édition du festival (2016)

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    La Baule 2016 2.png

    -Mon compte rendu de la 4ème édition du festival (2017)

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    Quelques bonnes adresses :

    -Mon article sur l'hôtel Barrière Le Royal Thalasso de La Baule

     

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    -Mon article sur Le Fouquet's de La Baule

     

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    -Mon article sur l'Hermitage Barrière de La Baule

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  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2017 en direct du 6 au 12 novembre

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    Après une petite pause studieuse dans mes pérégrinations en festivals de cinéma, après Cannes, Cabourg, Deauville, j'aurai le plaisir de couvrir le 4ème Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule dont je vous parle ici depuis sa première édition.

    Vous pourrez me suivre ici, sur twitter (@Sandra_Meziere), Instagram (@sandra_meziere) et Facebook (http://facebook.com/inthemoodforcinema) en direct du festival du 6 au 12 novembre.

    Retrouvez mes bilans des éditions précédentes :

    mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016.

    Retrouvez également mes premiers articles consacrés à cette édition 2017 :

    Programme détaillé et commenté

    L'hommage du Festival et Cinéma et Musique de Film de La Baule à Catherine Deneuve : critiques de films avec l'actrice ("Elle s'en va", La Sirène du Mississipi", "Les yeux de sa mère"... et de nombreuses autres)

    Jacques Tati à l'honneur : critique de "Playtime"

    Melville à l'honneur au festival : critiques du "Samouraï", "Le Cercle rouge", L'armée des ombres"

    En attendant "Tout les sépare de Thierry Klifa (en compétition au festival), ma critique de "Les yeux de sa mère" et le récit de ma rencontre avec l'équipe du film

    Retrouvez également mon recueil de nouvelles "Les illusions parallèles" (Editions du 38) dont une nouvelle se déroule intégralement dans le cadre du festival et dont j'aurai l'occasion de vous reparler la semaine prochaine. Toutes les critiques ici dans mon "actualité de romancière".

    J'aurai également le plaisir de tester l'hôtel Barrière l'Hermitage. En attendant retrouvez mes autres bonnes adresses à La Baule et Pornichet, ici.

  • L'hommage du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2017 à Catherine Deneuve

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    Le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2017 rendra hommage à Vladimir Cosma, Rémy Julienne, à "Melville et la musique" et au cinéma positif mais aussi à Catherine Deneuve qui viendra également présenter "Tout nous sépare" de Thierry Klifa, un film projeté dans le cadre du festival en compétition et en avant-première le samedi 11 novembre à 15h au cinéma le Gulf Stream, en présence de Catherine Deneuve, Thierry Klifa, et Nicolas Duvauchelle.

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    En attendant de le découvrir à La Baule (retrouvez mon article sur le programme complet du festival ici) et de vous en livrer ma critique à cette occasion, pour rendre hommage à cette immense actrice en amont du festival, je vous propose plusieurs critiques de films avec cette dernière et bien sûr celle du film "Les yeux de ma mère" de Thierry Klifa avec, en bonus, mon récit du déjeuner presse avec l'équipe du film (dont Catherine Deneuve) lors de sa sortie. Vous retrouvez également le compte rendu d'une master class de l'actrice qui avait eu lieu à Sciences Po Paris en 2008.

    CRITIQUE - ELLE S'EN VA d'Emmanuelle Bercot avec Catherine Deneuve

    Avant de vous livrer mon compte-rendu de ce Champs-Elysées Film Festival 2013 qui s’achèvera ce soir et dont vous pouvez encore profiter aujourd’hui, je vous propose la critique d’une des avant-premières du festival, « Elle s’en va », le nouveau film d’Emmanuelle Bercot.

    Un film avec Catherine Deneuve est en soi déjà toujours une belle promesse, une promesse d’autant plus alléchante quand le film est réalisé par Emmanuelle Bercot dont j’avais découvert le cinéma avec « Clément », présenté à Cannes en 2001, dans le cadre de la Section Un Certain Regard, alors récompensé du Prix de la jeunesse dont je faisais justement partie cette année-là, l’histoire poignante et  délicate (et délicatement traitée) de l’amour d’un adolescent pour une femme d’âge plus mûr (d’ailleurs interprétée avec beaucoup de justesse par Emmanuelle Bercot). Une histoire intense dont chaque plan témoignait, transpirait de la ferveur amoureuse qui unissait les deux protagonistes. Puis, il y a eu « Backstage », et l’excellent scénario de « Polisse » dont elle était coscénariste.

    L’idée du road movie avec Catherine Deneuve m’a tout d’abord fait penser au magistral « Je veux voir » de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans lequel le dernier regard de Catherine Deneuve à la fois décontenancé et ébloui puis passionné, troublé, troublant est un des plus beaux plans qu’il me soit arrivé de voir au cinéma contenant une multitude de possibles et toute la richesse de jeu de l’actrice.  « Elle s’en va » est un road movie centré certes aussi sur Catherine Deneuve mais très différent et né du désir « viscéral » de la filmer (elle n’est sans doute pas la seule mais nous comprenons rapidement pourquoi l’actrice a accepté ici) comme l’a précisé la réalisatrice avant la projection.

    L’actrice incarne ici Bettie (et non Betty comme celle de Chabrol), restauratrice à Concarneau, veuve (je vous laisse découvrir comment…), vivant avec sa mère (Claude Gensac !) qui la traite encore comme une adolescente. L’amant de Bettie vient de  quitter sa femme… pour une autre qu’elle. Sa mère envahissante, son chagrin d’amour, son restaurant au bord de la faillite vont la faire quitter son restaurant, en plein service du midi, pour aller « faire un tour » en voiture, puis pour acheter des cigarettes. Le tour du pâté de maisons se transforme bientôt en échappée belle. Elle va alors partir sur les routes de France, et rencontrer toute une galerie de personnages dans une France qui pourrait être celle des « sous-préfectures » du « Journal de France » de Depardon. Et surtout, son voyage va la mener sur une voie inattendue…et nous aussi tant ce film est une surprise constante.

    Après un premier plan sur Catherine Deneuve, au bord de la mer, éblouissante dans la lumière du soleil, et dont on se demande si elle va se « jeter à l’eau » (oui, d’ailleurs, d’une certaine manière), se succèdent  des plans montrant des commerces fermées et des rues vides d’une ville de province, un chien à la fenêtre, une poésie décalée du quotidien aux accents de Depardon. Puis Bettie apparaît dans son restaurant. Elle s’affaire, tourbillonne, la caméra ne la lâche pas…comme sa mère, sans cesse après elle. Bettie va ensuite quitter le restaurant pour ne plus y revenir. Sa mère va la lâcher, la caméra aussi, de temps en temps : Emmanuelle Bercot la filme sous tous les angles et dans tous les sens ( sa nuque, sa chevelure lumineuse, même ses pieds, en plongée, en contre-plongée, de dos, de face, et même à l’envers) mais alterne aussi dans des plans plus larges qui la placent dans des situations inattendues dans de « drôle[s] d’endroit[s] pour une rencontre », y compris une aire d’autoroute comme dans le film éponyme.

    Si l’admiration de la réalisatrice pour l’actrice transpire dans chaque plan, en revanche « Elle s’en va » n’est pas un film nostalgique sur le « mythe » Deneuve mais au contraire ancré dans son âge, le présent, sa féminité, la réalité. Emmanuelle Bercot n’a pas signé un hommage empesé mais au contraire un hymne à l’actrice et à la vie. Avec son jogging rouge dans « Potiche », elle avait prouvé (à ceux qui en doutaient encore) qu’elle pouvait tout oser, et surtout jouer avec son image d’icône.  « Elle s’en va » comme aurait pu le faire craindre son titre (le titre anglais est « On my way ») ne signifie ainsi ni une révérence de l’actrice au cinéma (au contraire, ce film montre qu’elle a encore plein de choses à jouer et qu’elle peut encore nous surprendre) ni un film révérencieux, mais au contraire le film d’une femme libre sur une autre femme libre. Porter une perruque improbable, se montrer dure puis attendrissante et s’entendre dire qu’elle a dû être belle quand elle était jeune » (dans une scène qui aurait pu être glauque et triste mais que la subtilité de l’écriture et de l’interprétation rendent attendrissante )…mais plus tard qu’elle sera « toujours belle même dans la tombe. » : elle semble prendre un malin plaisir à jouer avec son image.

    Elle incarne ici un personnage qui est une fille avant d’être une mère et une grand-mère, et surtout une femme libre, une éternelle amoureuse.  Au cours de son périple, elle va notamment rencontrer un vieil agriculteur (scène absolument irrésistible tout comme sa rencontre d’une nuit, belle découverte que Paul Hamy qui incarne l’heureux élu). Sa confrontation avec cette galerie de personnages incarnés par des non professionnels pourrait à chaque fois donner lieu à un court-métrage tant ce sont de savoureux moments de cinéma, mais une histoire et un portrait se construisent bel et bien au fil de la route. Le film va ensuite prendre une autre tournure lorsque son petit-fils l’accompagnera dans son périple. En découvrant la vie des autres, et en croyant fuir la sienne, elle va au contraire lui trouver un nouveau chemin, un nouveau sens, être libérée  du poids du passé.

    Si le film est essentiellement interprété par des non professionnels (qui apportent là aussi un naturel et un décalage judicieux), nous croisons aussi Mylène Demongeot (trop rare), le peintre  Gérard Garouste et la chanteuse Camille (d’ailleurs l’interprète d’une chanson qui s’intitule « Elle s’en va » mais qui n’est pas présente dans le film) dans le rôle de la fille cyclothymique de Bettie  et enfin  Nemo Schiffman, irréprochable dans le rôle du petit-fils. Ajoutez à cela une remarquable BO et vous obtiendrez un des meilleurs films de l’année 2013.

    Présenté en compétition officielle de la Berlinale 2013 et en compétition du Champs-Elysées Film Festival 20013, « Elle s’en va » a permis à Catherine Deneuve de recevoir le prix coup de cœur du Festival de Cabourg 2013.

    « Elle s’en va » est d’abord un magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout.  C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va »  montre que , à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour.  « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie . Un bonheur ! Et un bonheur rare.

    CRITIQUE DE "JE VEUX VOIR" de JOANA HADJITHOMAS et KHALIL JOREIGE (article de 2008)

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    Ci-dessous, ma critique du film écrite suite à sa projection dans la section Un Certain Regard du 61ème Festival de Cannes où il était présenté, ainsi que les vidéos de la présentation.

     

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    Ci-dessus, photos "In the mood for Cannes": L'équipe du film "Je veux voir" au Festival de Cannes 2008.
     
     
    Alors que dehors des rafales de vent et des pluies torrentielles s’abattent sur la Croisette, je profite de ces quelques minutes de calme pour écrire : un  silence, une pause dans la frénésie cannoise  presque déstabilisante me faisant réaliser que cette vie irréelle ne dure que l’espace de 12 jours et s’achèvera dans ce qui me semble être une délicieuse éternité, que la réalité peut reprendre ses droits, qu’elle le fera. Quelques minutes pour faire un flash-back sur toutes ces images de vie et de cinéma contrastées, fortes dans les deux cas,  lumineuses (dans le premier cas) et sombres (dans le second), oniriques (dans le premier cas) et cauchemardesques (dans le second). Entre apesanteur réelle et pesanteur fictive, écartelée entre des émotions que même la tempête ne balaiera pas, tout juste se fera-t-elle l’écho de leur puissance, de leur violence presque fascinante. Quelques minutes donc pour évoquer la projection de cet après-midi dans la section Un Certain Regard : « Je veux voir » réalisé par Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans lequel « joue » Catherine Deneuve.

    Pitch par l’équipe du film : « Juillet 2006. Une guerre éclate au Liban. Une nouvelle guerre mais pas une de plus, une guerre qui vient briser les espoirs de paix et l'élan de notre génération.  Nous ne savons plus quoi écrire, quelles histoires raconter, quelles images montrer. Nous nous demandons : " Que peut le cinéma ? ".
    Cette question, nous décidons de la poser vraiment. Nous partons à Beyrouth avec une " icône ", une comédienne qui représente pour nous le cinéma, Catherine Deneuve. Elle va rencontrer notre acteur fétiche, Rabih Mroué.  Ensemble, ils parcourent les régions touchées par le conflit. A travers leurs présences, leur rencontre, nous espérons retrouver une beauté que nos yeux ne parviennent plus à voir.  Une aventure imprévisible, inattendue commence alors…. ».

    Lors de la présentation du film au public, Khalil Joreige a déclaré : "Nous sommes très émus de présenter ce film aujourd’hui. Nous remercions Thierry Frémaux et l’équipe du Festival. Pour nous, ce film est une vraie aventure cinématographique qui, vous le verrez, devient de plus en plus intense et surprenante. Nous tenons à remercier Catherine Deneuve pour sa générosité et son audace, pour nous avoir permis de faire ce film." Et Joana Hadjithomas de conclure : "Je dédie cette projection à ceux qui auraient voulu être avec nous : notre équipe, nos familles, nos amis qui n’ont pas pu faire le voyage à cause des derniers événements."

    C’est donc de nouveau en miroir du monde pour reprendre les termes de Steve Mc Queen, le réalisateur de « Hunger » dont je vous parlais avant-hier que se positionne ce film. Un miroir dans lequel se reflètent et s’influencent intelligemment sa beauté et sa laideur, sa vérité et sa mythologie, sa réalité et sa fiction. « Je veux voir » est en effet un film inclassable qui mélange intelligemment fiction et documentaire, un mélange duquel résulte alors une impression troublante qui ne nuit pas au propos mais au contraire le renforce, paradoxalement le crédibilise. Un Certain Regard. Le nom de cette sélection était parfaitement choisi pour accueillir ce film. De regards il y est en effet beaucoup question.  Celui magnétique, troublé, inquiet, empathique, curieux de Catherine Deneuve. Un regard certain, en apparence en tout cas. C’est donc son regard ( elle est tantôt filmée de face, tantôt en caméra subjective) qui guide le nôtre. Le film commence ainsi : Catherine Deneuve est filmée de dos, à la fenêtre, à Beyrouth qu’elle regarde et surplombe. De dos avec cette silhouette tellement reconnaissable, celle de l’icône qu’elle représente pour les cinéastes qui l’ont choisie. Elle dit alors qu’elle veut voir. Elle veut voir les traces de la guerre. Elle veut voir ce qui ne lui paraît pas réel à travers l’écran de télévision (décidément, les films se répondent, troublant écho à celui d’hier).

    Cette rencontre ensuite avec Rabih Mroué qui sera son guide et chauffeur sonne tellement juste, semble tellement éclore sous nos yeux que nous sommes presque gênés d’être là et en même temps captivés. Catherine Deneuve, son personnage, qu’importe, demande si elle peut fumer autant par politesse que pour amorcer une conversation, une complicité, puis elle s’interroge sur le fait que Rabih ne mette pas de ceinture. Il lui explique que depuis la guerre les principes ont un peu volé en éclats. Elle précise qu’elle n’est pas pour l’ordre mais que c’est quand même dangereux. Son visage ne trahit presque aucune émotion et n’en est justement que plus émouvant, de même lorsqu’elle demande pour la deuxième fois si elle peut fumer et reparle de la ceinture de sécurité après un évènement dangereux. Comme si ces propos trahissaient sa peur et la rassuraient, leur réitération les rendant tragiquement drôles. Son ton posé contraste avec l’inquiétude que trahit ses paroles.

    Peu à peu ils s’éloignent de Beyrouth, on leur interdit de filmer, ou le scénario prévoyait qu’on fasse croire qu’on leur interdisait de filmer. Le résultat est le même. Nous ne savons pas. Que ce soit fictif ou réel l’essentiel est que cela soit tellement évocateur. Un avion passe et émet un puissant fracas, comme une bombe que l’on lâcherait. Catherine Deneuve sursaute et pour la première fois ou presque son corps trahit sa peur. Le chauffeur lui explique que l’avion  israélien a passé le mur du son, que le but est juste de faire peur. Rare évocation de la situation politique. Le film est là pour nous permettre de voir, pas pour nous prendre à parti ou expliquer. Juste voir la désolation après et à travers la beauté. Juste pour voir ce contraste violent et magnifique.

    Que ce soit Catherine Deneuve ou son personnage qui sursaute en entendant cet avion, peu importe, la peur se transmet, traverse l’écran, nous atteint, comme le sentiment de désolation de ces carcasses d’acier et de ferrailles que des pelleteuses charrient longuement, symboles de tant de vies et de passés volés en éclat, abattus, piétinés, niés.

    La relation semble se nouer entre les deux personnages ( ?) sous nos yeux , entre les deux êtres ( ?) peut-être, une relation faîte de pudeur, d’intensité créée par la peur, la force de cette rencontre, son caractère unique et son cadre atypique (la scène où il lui dit les dialogues de « Belle de jour » en Arabe, où il en oublie d’être attentif et se retrouve dans un endroit miné est à la fois effrayante et sublime, poétique et terriblement réaliste, l’instant poétique, cinématographique qu’ils vivent renforçant la peur créée par la soudaineté du surgissement d’une terrible réalité, potentiellement fatale). Une relation entre deux réalités, le cinéma et la réalité. Une belle rencontre en tout cas. Comme deux personnages de cinéma. Si réels (nous croyons vraiment à leur relation) et si cinématographique (ils forment sous nos yeux un couple qui pourrait être tellement cinématographique).

     La fin (Catherine Deneuve se rend à une réception en son honneur après cette journée que l’on devine si intense et éprouvante) pourrait être le début d’une fiction, une des plus belles fins qu’il m’ait été donné de voir au cinéma, qui prouve la force d’un regard, un regard décontenancé, un regard ébloui par les lumières d’une fête tellement décalées après celles de la journée, un regard qui cherche la complicité de celui devenu un ami, un regard qui cherche la réalité de ce qu’il a vécu ou ressenti dans celui d’un autre, un regard qui nous embarque dans son tourbillon d’émotions et d’intensité, tandis qu’un officiel obséquieux (non?) évoque « la formidable capacité de résilience des Libanais » comme il évoquerait la pluie et le beau temps. Le regard alors tellement passionné de Catherine Deneuve contraste avec la banalité du discours de ce dernier. Oui, un certain regard. Tellement troublé et troublant et expressif lorsqu’il croise le regard attendu qu’il ouvre une infinitude de possibles, qu’il ouvre sur le rêve, qu’il ouvre sur la puissance du cinéma, des images, d’une rencontre, qu’il ouvre sur un nouvel espoir. "Toute la beauté du monde". Malgré tout.

     La présence presque "improbable" et "onirique" de Catherine Deneuve comme l’ont définie les réalisateurs est à la fois un écho à la beauté du sud et un contraste saisissant avec le spectacle de désolation des paysages en ruine, des vies dévastées.  Elle y apparaît en tout cas magnifique de dignité et de courage. Oui, une belle leçon de dignité et de courage mais aussi de cinéma et d’espoir…

    Un film qui est dramatiquement (encore une fois) d’actualité alors que le Liban vit de nouveau une situation explosive, qui montre ce que l’on regarde parfois sans voir.

    Le mélange si habile de fiction et de documentaire, de mémoire historique et de mythologie cinématographique,  en fait un film, un témoignage aussi, inclassable, captivant, troublant,  jamais didactique, un film que l’on veut voir, et que l’on voudrait revoir, ne serait-ce que pour ce dernier regard échangé…

    CRITIQUE DE "LA SIRENE DU MISSISSIPI" de François Truffaut

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    Dédié à Jean Renoir, adapté, scénarisé et dialogué par Truffaut d’après un roman de William Irish intitulé « Waltz into Darkness » (pour acquérir les droits François Truffaut dut emprunter à Jeanne Moreau, Claude Lelouch et Claude Berri), c’est davantage vers le cinéma d’Alfred Hitchcock, que lorgne pourtant ce film-ci, lequel Hitchcock s’était d’ailleurs lui-même inspiré d’une nouvelle de William Irish pour « Fenêtre sur cour ». Truffaut avait lui-même aussi déjà adapté William Irish pour « La mariée était en noir », en 1968.

    Synopsis : Louis Mahé (Jean-Paul Belmondo) est fabriquant de cigarettes à La Réunion. Il doit épouser Julie Roussel qu’il a rencontrée par petite annonce et dont il doit faire la connaissance le jour du mariage. Lorsqu’elle débarque à La Réunion, d’une beauté aussi froide que ravageuse, elle ressemble peu à la photo qu’il possédait d’elle. Elle lui affirme ainsi lui avoir envoyé un faux portrait, par méfiance. Peu de temps après le mariage, l’énigmatique Julie s’enfuit avec la fortune de Louis. Louis engage alors le solitaire et pointilleux détective Comolli (Michel Bouquet) pour la rechercher, et il rentre en France. Après une cure de sommeil à Nice, il retrouve Julie qui se nomme en réalité Marion (Catherine Deneuve) par hasard, elle travaille désormais comme hôtesse dans une discothèque. Il est déterminé à la tuer mais elle l’apitoie en évoquant son enfance malheureuse et ses sentiments pour lui qui l’aime d’ailleurs toujours… Commence alors une vie clandestine pour ce singulier couple.

    Ce film connut un échec public et critique à sa sortie. Truffaut expliqua ainsi cet échec : « Il est aisé d’imaginer ce qui a choqué le monde occidental. La Sirène du Mississipi montre un homme faible (en dépit de son allure), envoûté par une femme forte (en dépit de ses apparences) ». Voir ainsi Belmondo ravagé par la passion qui lui sacrifie tout explique pour Truffaut l’échec du film. C’est vrai que ce film peut dérouter après « Baisers volés », quintessence du style Nouvelle Vague. Son romantisme échevelé, sombre, voire désespéré (même si Doinel était déjà un personnage romantique) mais aussi son mélange des genres (comédie, drame, film d’aventures, film noir, policier) ont également pu dérouter ceux qui voyaient avant tout en Truffaut un des éminents représentants de la Nouvelle Vague.

    Comme chacun de ses films « La Sirène du Mississipi » n’en révèle pas moins une maîtrise impressionnante de la réalisation et du sens de la narration, des scènes et des dialogues marquants, des références (cinématographiques mais aussi littéraires) intelligemment distillées et le touchant témoignage d’un triple amour fou : de Louis pour Marion, de Truffaut pour Catherine Deneuve, de Truffaut pour le cinéma d’Hitchcock.

    Truffaut traite ainsi de nouveau d’un de ses thèmes de prédilections : l’amour fou, dévastateur, destructeur. Malgré la trahison de la femme qu’il aime, Louis tue pour elle et la suit au péril de sa propre existence… Après les premières scènes, véritable ode à l’île de La Réunion qui nous laisse penser que Truffaut va signer là son premier film d’aventures, exotique, le film se recentre sur leur couple, la troublante et trouble Marion, et l’amour aveugle qu’elle inspire à Louis. Truffaut traitera ce thème de manière plus tragique, plus subtile, plus précise encore dans « L’Histoire d’Adèle.H », dans « La Peau douce » (réalisé avant « La Sirène du Mississipi) notamment ou, comme nous l’avons vu, dans « La Femme d’à côté », où, là aussi, Bernard (Gérard Depardieu) emporté par la passion perd ses repères sociaux, professionnels, aime à en perdre la raison avec un mélange détonant de douceur et de douleur, de sensualité et de violence, de joie et de souffrance dont « La sirène du Mississipi » porte déjà les prémisses.

    Bien qu’imprégné du style inimitable de Truffaut, ce film est donc aussi une déclaration d’amour au cinéma d’Hitchcock, leurs entretiens restant le livre de référence sur le cinéma hitchcockien (si vous ne l’avez pas encore, je vous le conseille vivement, il se lit et relit indéfiniment, et c’est sans doute une des meilleures leçons de cinéma qui soit). « Les Oiseaux », « Pas de printemps pour Marnie », « Sueurs froides», « Psychose », autant de films du maître du suspense auxquels se réfère « La Sirène du Mississipi ». Et puis évidemment le personnage même de Marion interprétée par Catherine Deneuve, femme fatale ambivalente, d’une beauté troublante et mystérieuse, d’une blondeur et d’une froideur implacables, tantôt cruelle, tantôt fragile, empreinte beaucoup aux héroïnes hitchcockiennes, à la fois à Tippie Hedren dans « Pas de printemps pour Marnie » ou à Kim Novak dans « Sueurs froides » notamment pour la double identité du personnage dont les deux prénoms (Marion et Julie) commencent d’ailleurs comme ceux de Kim Novak dans le film d’Hitchcock- Madeleine et Judy-.

    A Deneuve, qui vient d'accepter le film, Truffaut écrivit : « Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort : Jean-Paul, aussi vivant et fragile qu'un héros stendhalien, et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux. » Et il est vrai qu’émane de ce couple, une beauté ambivalente et tragique, un charme tantôt léger tantôt empreint de gravité. On retrouve Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo dans des contre-emplois dans lesquels ils ne sont pas moins remarquables. Elle en femme fatale, vénale, manipulatrice, sirène envoûtante mais néanmoins touchante dont on ne sait jamais vraiment si elle aime ou agit par intérêt. Lui en homme réservé, follement amoureux, prêt à tout par amour, même à tuer.

    A l’image de l’Antiquaire qui avait prévenu Raphaël de Valentin dans « La Peau de chagrin » à laquelle Truffaut se réfère d’ailleurs, Louis tombant par hasard sur le roman en question dans une cabane où ils se réfugient ( faisant donc de nouveau référence à Balzac après cette scène mémorable se référant au « Lys dans la vallée » dans « Baisers volés »), et alors que la fortune se réduit comme une peau de chagrin, Marion aurait pu dire à Louis : « Si tu me possèdes, tu possèderas tout, mais ta vie m'appartiendra ».

    Enfin ce film est une déclaration d’amour de Louis à Marion mais aussi et surtout, à travers eux, de Truffaut à Catherine Deneuve comme dans cette scène au coin du feu où Louis décrit son visage comme un paysage, où l’acteur semble alors être le porte-parole du cinéaste. Le personnage insaisissable, mystérieux de Catherine Deneuve contribue largement à l’intérêt du film, si bien qu’on imagine difficilement quelqu’un d’autre interprétant son rôle.

    Comme souvent, Truffaut manie l’ellipse avec brio, joue de nouveau avec les temporalités pour imposer un rythme soutenu. Il cultive de nouveau le hasard comme dans « Baisers volés » où il était le principal allié de Doinel, pour accélérer l’intrigue.

    Alors, même si ce film n’est pas cité comme l’un des meilleurs de Truffaut, il n’en demeure pas moins fiévreux, rythmé, marqué par cette passion, joliment douloureuse, qui fait l’éloge des grands silences et que symbolise si bien le magnifique couple incarné par Deneuve et Belmondo. Avec « La Sirène du Mississipi » qui passe brillamment de la légèreté au drame et qui dissèque cet amour qui fait mal, à la fois joie et souffrance, Truffaut signe le film d’un cinéaste et d’un cinéphile comme le fit par exemple également Pedro Almodovar avec « Les Etreintes brisées »

    « La Sirène du Mississipi » s’achève par un plan dans la neige immaculée qui laisse ce couple troublant partir vers son destin, un nouveau départ, et nous avec le souvenir ému de cet amour fou dont Truffaut est sans doute le meilleur cinéaste.

    Dix ans plus tard, Catherine Deneuve interprétera de nouveau une Marion dans un film de Truffaut « Le dernier métro », et sera de nouveau la destinataire d’ une des plus célèbres et des plus belles répliques de Truffaut, et du cinéma, que Belmondo lui adresse déjà dans « La Sirène du Mississipi »:

    « - Quand je te regarde, c'est une souffrance.

    - Pourtant hier, tu disais que c'était une joie.

    - C'est une joie et une souffrance.''

    Sans doute une des meilleures définitions de l’amour, en tout cas de l’amour dans le cinéma de Truffaut… que nous continuerons à analyser prochainement avec « L’Histoire d’Adèle.H ». En attendant je vous laisse méditer sur cette citation et sur le chant ensorcelant et parfois déroutant de cette insaisissable « Sirène du Mississipi ».

     CRITIQUE DE "LA TÊTE HAUTE" d'EMMANUELLE BERCOT (critique écrite suite à sa projection en ouverture du 68ème Festival de Cannes)

    La tête haute, Emmanuelle Bercot, cinéma, film,

    "La tête haute" était le film d'ouverture du 68ème Festival de Cannes. Cet article a été écrit après cette séance.

    Le temps de débarrasser la scène du Grand Théâtre Lumière des apparats de l’ouverture de ce 68ème Festival de Cannes, et nous voilà plongés dans un tout autre univers : le bureau d’une juge pour enfants (Catherine Deneuve), à Dunkerque. La tension est palpable. Le ton monte. Les éclats de voix fusent. Une femme hurle et pleure. Nous ne voyons pas les visages. Seulement celui d’un enfant, Malony, perdu au milieu de ce vacarme qui assiste, silencieux, à cette scène terrible et déroutante dont la caméra frénétique accompagne l’urgence, la violence, les heurts. Un bébé crie dans les bras de sa mère qui finalement conclut à propos de Malony qu’il est « un boulet pour tout le monde ». Et elle s’en va, laissant là : un sac avec les affaires de l’enfant, et l’enfant, toujours silencieux sur la joue duquel coule une larme, suscitant les nôtres déjà, par la force de la mise en scène et l’énergie de cette première scène, implacable. Dix ans plus tard, nous retrouvons les mêmes protagonistes dans le même bureau …

    Ce film est réalisé par Emmanuelle Bercot dont j’avais découvert le cinéma et l’univers si fort et singulier avec « Clément », présenté à Cannes en 2001, dans le cadre de la Section Un Certain Regard, alors récompensé du Prix de la jeunesse dont je faisais justement partie cette année-là. Depuis, je suis ses films avec une grande attention jusqu’à « Elle s’en va », en 2013, un très grand film, un road movie centré sur Catherine Deneuve, « né du désir viscéral de la filmer ». Avant d’en revenir à « La tête haute », je ne peux pas ne pas vous parler à nouveau de ce magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout. C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va » montre que, à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour. « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie. ( Retrouvez ma critique complète de ELLE S'EN VA en cliquant ici.)

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    Et contre toute attente, c’est aussi l’effet produit par « La tête haute » où il est aussi question de départ, de nouveau départ, de nouvelle chance. Avec beaucoup de subtilité, plutôt que d’imprégner visuellement le film de noirceur, Emmanuelle Bercot a choisi la luminosité, parfois le lyrisme même, apportant ainsi du romanesque à cette histoire par ailleurs particulièrement documentée, tout comme elle l’avait fait pour « Polisse » de Maïwenn dont elle avait coécrit le scénario. Le film est riche de ce travail en amont et d’une excellente idée, celle d' avoir toujours filmé les personnages dans un cadre judiciaire : le bureau de la juge, des centres divers… comme si toute leur vie était suspendue à ces instants.

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    Le grand atout du film : son énergie et celle de ses personnages attachants interprétés par des acteurs judicieusement choisis. Le jeune Rod Paradot d’abord, l’inconnu du casting qui ne le restera certainement pas longtemps et qui a charmé l’assistance lors de la conférence de presse cannoise du film, avec son sens indéniable de la répartie (« la tête haute mais la tête froide »…), tête baissée, recroquevillé, tout de colère rentrée parfois hurlée, dont la présence dévore littéralement l’écran et qui incarne avec une maturité étonnante cet adolescent insolent et bravache qui n’est au fond encore que l’enfant qui pleure des premières minutes du film. Catherine Deneuve, ensuite, une nouvelle fois parfaite dans ce rôle de juge qui marie et manie autorité et empathie. L’éducateur qui se reconnaît dans le parcours de ce jeune délinquant qui réveille ses propres failles incarné par Benoît Magimel d’une justesse sidérante. La mère (Sara Forestier) qui est finalement l’enfant irresponsable du film, d’ailleurs filmée comme telle, en position fœtale, dans une très belle scène où les rôles s’inversent. Dommage (et c’est mon seul bémol concernant le film) que Sara Forestier ait été affublé de fausses dents (était-ce nécessaire ?) et qu’elle surjoue là où les autres sont dans la nuance, a fortiori les comédiens non professionnels, excellents, dans les seconds rôles.

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    Ajoutez à cela des idées brillantes et des moments qui vous cueillent quand vous vous y attendez le moins : une main tendue, un « je t’aime »furtif et poignant, une fenêtre qui soudain s’est ouverte sur « Le Monde » (littéralement, si vous regardez bien…) comme ce film s’ouvre sur un espoir.

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    Après « Clément », « Backstage », «  Elle s’en va », Emmanuelle Bercot confirme qu’elle est une grande scénariste et réalisatrice (et actrice comme l'a prouvé son prix d'interprétation cannois) avec qui le cinéma va devoir compter, avec ce film énergique et poignant, bouillonnant de vie, qui nous laisse avec un salutaire espoir, celui que chacun peut empoigner son destin quand une main se tend et qui rend un bel hommage à ceux qui se dévouent pour que les enfants blessés et défavorisés par la vie puissent grandir la tête haute. Un film qui « ouvre » sur un nouveau monde, un nouveau départ et une bouffée d’optimisme. Et ça fait du bien. Une très belle idée que d’avoir placé ce film à cette place de choix d'ouverture du 68ème Festival de Cannes et de lui donner cette visibilité.

    Conférence de presse

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    Ci-dessous, quelques citations de la conférence de presse du film à laquelle j’ai assisté à Cannes. Une passionnante conférence au cours de laquelle il a été question de nombreux sujets, empreinte à la fois d’humour et de gravité, puisqu’a aussi été établi un lien entre le choix de ce film pour l’ouverture et les récents événements en France auxquels le film fait d’ailleurs, d’une certaine manière, écho. Vous pouvez revoir la conférence sur le site officiel du Festival de Cannes. Dommage que Catherine Deneuve (étincelante) ait eu à se justifier (très bien d’ailleurs, avec humour et intelligence) de propos tenus dans la presse, extraits de leur contexte et qui donnent lieu à une polémique qui n’a pas de raison d’être.

    « Je tenais à ce que tout soit absolument juste » -Emmanuelle Bercot (à propos de tout ce qui se passe dans le cadre judiciaire où elle a fait plusieurs stages avec ce souci de vraisemblance et même de véracité). « Les personnages existaient avant les stages puis ont été nourris par la part documentaire ».

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    « La justice des mineurs est un honneur de la France » – Emmanuelle Bercot

    « Si c’est méchant, j’espère que c’est drôle ». – Catherine Deneuve à propos d’une question d’une journaliste au sujet de la caricature de Charloe Hebdo (très cruelle) à son sujet et qu’elle n’avait pas encore vue.

    « C’était très important pour moi que ce film ait son socle dans le Nord. » Emmanuelle Bercot

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    « Ouvrir le festival avec ce film est aussi une réponse à ce début d’année difficile qu’a connu la France. » Catherine Deneuve

    « En France, les femmes cinéastes ont largement la place de s’exprimer et énormément de femmes émergent. » E.Bercot

    « Moi c’est le scénario qui m’a beaucoup plu et tous les personnages. C’est un scénario qui m’a plu tout de suite. » Catherine Deneuve

    « Pour être star, il faut du glamour et du secret, ne pas tout montrer de sa vie privée. » – Catherine Deneuve

    « Il y a une matière documentaire très forte dans l’écriture, en revanche je ne voulais pas un style documentaire dans l’image. » Bercot

    Sara Forestier : « A la lecture du scénario, j’ai pleuré. Le film m’a piqué le coeur. »

    « C’est totalement inespéré que ce film soit à une telle place, c’est un grand honneur. » Emmanuelle Bercot

     

    CRITIQUE DE "POTICHE" DE François OZON (article du 14 novembre 2010)

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    Il semblerait que François Ozon ait adopté le rythme woodyallenien d’un film par an, signant ainsi avec « Potiche » son douzième long-métrage en douze ans, en passant par des films aussi divers et marquants que  « Sitcom », « Swimming  pool », « Sous le sable », « Huit femmes »… mais avec toujours la même exigence et toujours un casting de choix.

    Ainsi, dans « Potiche » c’est Catherine Deneuve (que François Ozon retrouve ici 8 ans après « Huit femmes ») qui incarne Suzanne Pujol, épouse soumise de Robert Pujol (Fabrice Luchini) que sa propre fille Joëlle (Judith Godrèche)  qualifie avec une cruelle naïveté de «potiche ». Nous sommes en 1977, en province, et Robert Pujol est un patron d’une usine de parapluies irascible et autoritaire  aussi bien avec ses ouvriers qu’avec sa femme et ses enfants. A la suite d’une grève et d’une séquestration par ses employés, Robert a un malaise qui l’oblige à faire une cure de repos et s’éloigner de l’usine. Pendant son absence, il faut bien que quelqu’un le remplace. Suzanne est la dernière à laquelle chacun pense pour remplir ce rôle et pourtant elle va s’acquitter de sa tâche avec beaucoup de brio, secondée par sa fille Joëlle et par son fils Laurent (Jérémie Rénier)…

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    Difficile d’imaginer une autre actrice que Catherine Deneuve dans ce rôle (autrefois tenu par une actrice qui ne lui ressemble guère, Jacqueline Maillan, dans la pièce de Barillet et Grédy dont le film est l’adaptation) tant elle y est successivement et parfois en même temps : lumineuse, maligne, snob, touchante, malicieuse, drôle, tendre, naïve, naïvement féroce …et tant ce film semble être une véritable déclaration d’amour à l’actrice. Qu’elle chante « Emmène-moi danser ce soir », qu’elle esquisse quelques pas de danse avec Depardieu ou qu’elle fasse son jogging avec bigoudis, jogging à trois bandes, en parlant aux animaux (et à une nature, prémonitoire, elle aussi moins naïve qu'il n'y paraît) et écrivant des poèmes naïfs ou qu’elle se transforme en leader politique, chacune de ses apparitions (c’est-à-dire une grosse majorité du film) est réellement réjouissante. Depuis que je l’avais vue, ici, lors d’une inoubliable rencontre à sciences-po ou lors de sa leçon de cinéma, tout aussi inoubliable, dans le cadre du Festival de Cannes 2005 (dont vous pouvez retrouver mon récit, ici), j’ai compris aussi à quel point elle était aussi dans la « vraie vie » touchante et humble en plus d’être talentueuse et à quel point sa popularité était méritée. Et puis, je n’oublierai jamais non plus son regard dans la dernière scène de cet autre film, d’une bouleversante intensité à l’image du film en question.

    Ici, lorsqu’elle se retrouve avec Babin-Depardieu, c’est toute la mythologie du cinéma que François Ozon, fervent cinéphile, semble convoquer, six ans après leur dernier film commun « Les temps qui changent » de Téchiné et trente ans après le couple inoubliable qu’ils formèrent dans « Le Dernier métro » de Truffaut. Emane de leur couple improbable (Depardieu interprète un député-maire communiste) une tendre nostalgie qui nous rappelle aussi celui, qui l’était tout autant, de « Drôle d’endroit pour une rencontre » de François Dupeyron. Et les parapluies multicolores ne sont évidemment pas sans nous rappeler ceux de Demy dont l’actrice est indissociable.

    Si le film est empreint d’une douce nostalgie, et ancré dans les années 1970 et une période d’émancipation féminine, Ozon s’amuse et nous amuse avec ses multiples références à l’actualité et les couleurs d’apparence acidulées se révèlent beaucoup plus acides, pour notre plus grand plaisir. D’un Maurice Babin dont l’ inénarrable inspiration capillaire vient de Bernard Thibault, à un Pujol aux citations sarkozystes en passant par une Suzanne qui s’émancipe et prend le pouvoir telle une Ségolène dans l’ombre de son compagnon qui finit par lui prendre la lumière sans oublier les grèves et les séquestrations de chefs d’entreprise, les années 70 ne deviennent qu’un prétexte pour croquer notre époque avec beaucoup d’ironie. Acide aussi parce qu’une fois de plus il n’épargne pas les faux-semblants bourgeois derrière le vaudeville d’apparence innocente.

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    Si Catherine Deneuve EST le film, il ne faudrait pas non plus oublier Fabrice Luchini en patron imbuvable, Judith Godrèche en fille réactionnaire aux allures de Farrah Fawcett, Jérémie Rénier en fils à la sexualité incertaine aux allures de Claude François et Karin Viard irrésistible en secrétaire s’émancipant peu à peu du joug de son patron. Les costumes, sont aussi des acteurs à part entière, et en disent parfois plus longs que des discours et montrent à quel point Ozon ne laisse rien au hasard.

    Un film à la fois drôle et tendre, nostalgique et caustique dont on ressort avec l’envie de chanter, comme Ferrat et Suzanne,  « C’est beau la vie »…malgré un scénario parfois irrégulier et quelques ralentissements que nous fait vite oublier cette savoureuse distribution au premier rang de laquelle Catherine Deneuve plus pétillante, séduisante et audacieuse que jamais dont la nomination aux César semble déjà acquise et non moins amplement méritée.

    RENCONTRE AVEC CATHERINE DENEUVE AU CINE CLUB DE SCIENCES PO (article du 11 juin 2008)

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    Frédéric Bonnaud et Catherine Deneuve, hier soir.

    De Catherine Deneuve, au-delà de tous ces films qui m’ont marquée (« Le dernier métro » de Truffaut, « Hôtel des Amériques » et « Le lieu du crime » de Téchiné étant sans doute les premiers que j’ai vus et aimés et que je revois toujours avec autant de plaisir), j’ai  surtout deux souvenirs, tous deux d’ailleurs liés au Festival de Cannes, la mémorable leçon de cinéma qu’elle y a donné en 2005 (cliquez ici pour lire le résumé de la leçon de cinéma de Catherine Deneuve, à Cannes, en 2005), et la projection de ce magnifique « documentaire » (qui est, aussi, une fiction) sur le Liban, « Je veux voir » de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas  (cliquez ici pour lire ma critique du film et pour voir les photos et vidéos de la présentation cannoise) qu’elle a présenté cette année dans la section Un Certain Regard, un documentaire bouleversant et intense dans lequel elle est extraordinaire et que sans doute peu d’actrices auraient eu le cran d’accepter, et le talent et l’humilité pour s’y prêter. Je crois que c’est d’ailleurs à ces deux occasions que je l’ai vraiment découverte et que j’ai compris vraiment ce qu’elle peut représenter, et surtout pourquoi elle incarne ainsi  LA star française, même si je n’aime pas ce mot galvaudé, et réducteur.

    Hier soir, c’est à l’invitation du Ciné club de Sciences Po qu’elle est venue dans les anciens  locaux  de l’ENA. Pas pour faire de la promotion. Simplement pour partager sa passion, ses expériences. La salle, pas très grande, est évidemment pleine. L’endroit,  plutôt monotone,  avec sa lumière blafarde, semble presque incongru. Après quelques échanges avec le journaliste Frédéric Bonnaud suite à la projection de « Belle de jour » de Buñuel et du court « Un chien andalou » de Buñuel avec la participation « scénaristique » de Dali  (dont il est amusant de constater que la scène de l’œil coupé heurte toujours les spectateurs, 80 ans après), comme prévu, à 20H Catherine Deneuve  arrive, apparait plutôt.  Les applaudissements sont timides et respectueux. Elle  fait d’abord part de son appréhension de se retrouver devant ces inconnus qui la connaissent, qui « connaissent beaucoup de [sa] vie », de sa crainte de nous décevoir. Et si elle ne nous avait rien dit, à peine sa respiration haletante, à peine, et son débit rapide l’auraient-ils trahie mais ce n’est certainement pas ce qui nous aurait marqué en premier. Non, ce qui nous aurait marqué c’est son extrême humilité (non une fausse modestie ou une coquetterie, une vraie humilité), son écoute attentive, sa passion intacte et sa curiosité insatiable pour tout ce qui concerne le cinéma.

     Elle évoque d’abord  le film de Buñuel que nous venons de voir, « Belle de jour », et son tournage difficile, un film auquel elle préfère d’ailleurs « Tristana » (moi aussi), le film suivant de Buñuel dans lequel elle a tourné. Sujet suivant. Un jeune homme commence sa question. « Vous étiez jeune à l’époque ». Rires de la salle. Et de Catherine Deneuve : « Vous riez parce qu’il a été maladroit. J’ai l’habitude. Pas de la maladresse. Mais de ces phrases mais c’est normal, cela fait plus de 40 ans…». Oui, elle m’a vraiment rappelée la Catherine Deneuve de « Je veux voir ».  A l’écoute. Avec ce souci de ne surtout pas blesser, davantage qu’un souci de sa propre image. C’est tellement rare… Elle cherche aussi ses mots, par souci d’exactitude, de sincérité.

    On se dit que pour elle ce doit être vraiment difficile : ces regards qui la scrutent, pour certains guettent la fêlure, les stigmates du temps, le fossé, pour certains -cyniques peut-être- rassurant, entre le cinéma et la réalité. Un autre jeune homme se trompe, attribue « Est Ouest » de Régis Wargnier à un cinéaste russe et au lieu d’être ironique ou blessante, elle admet que ce film était tourné en Russie, que la confusion était possible. Dans ce film elle a un second rôle. Mais pour elle peu importe. Quand on  lui demande ce qu’elle aime dans le métier d’actrice, elle dit que ce sont les films. Pas les rôles. Les films. Peu lui importe d’avoir un second rôle dans un projet qu’elle aime et dans lequel elle croit. Comme dans "Est-Ouest". Pour elle, le critère, c’est que le film ne tienne plus si on enlève le rôle, que le rôle, petit ou grand, soit essentiel au déroulement de l’histoire.

    On se demande ce qu’elle aurait fait si elle n’avait pas été actrice. Parce qu’elle ne voulait pas être actrice, Catherine Dorléac. Les hasards de la vie, des rencontres, un premier rôle à 15 ans pour accompagner sa sœur Françoise, et voilà,  aujourd’hui elle aime passionnément le cinéma, son métier, et transmettre cette passion.

    Elle a commencé à 15 ans donc. Elle dit qu’à l’époque ce qui l’intéressait c’était plutôt « l’amour, les sentiments », que sans le cinéma elle se serait « mariée très jeune »  sans doute, aurait « divorcé 5 ans après », aurait fait des études d’art, d’architecture peut-être, elle ne sait pas trop à dire vrai. Mais maintenant, elle voit des films. Beaucoup de films. Souvent même tard le soir à la télévision. Ca aussi c’est plutôt rare, les acteurs ne sont pas toujours des cinéphiles.

    Elle parle sans retenue mais avec beaucoup de pudeur. Des scènes de nudité aussi, qu’elle n’aime pas en tant qu’actrice, pas plus qu'en tant que spectatrice, ne voyant alors plus un acteur, un personnage mais une personne dénudée, à nu. Elle évoque ainsi la vulgarité et la familiarité auxquelles les scènes de nu exposent les acteurs, ont exposé Brigitte Bardot, ce dont elle a été témoin, à quel point les journalistes s’approprient ensuite ces scènes. On imagine combien le tournage de « Belle de jour » a dû être difficile pour elle avec Buñuel, peu loquace, déjà âgé, impressionnant, mais on imagine mal une autre actrice dans le rôle de Séverine.

    On se demande alors pourquoi elle n’a pas tourné dans « Belle toujours », l’hommage à « Belle de jour », une sorte de suite tournée par Manuel de Oliveira dans lequel Michel Piccoli a, lui, accepté de reprendre son rôle. Simplement pour ne pas démythifier le film de Buñuel. Elle dit d’ailleurs que Bulle Ogier qui l’a remplacée y est parfaite. Elle regrette simplement de n’avoir pu expliquer de vive voix les raisons de son refus à Manuel de Oliveira, que son refus, par personnes interposées, lui ait sans doute paru abrupte.

    On rêve de la voir au théâtre. Evidemment…  Mais probablement ne l’y verrons-nous jamais. Elle s’en dit incapable, à cause de l’appréhension de se retrouver devant toutes ces personnes silencieuses, là, à la regarder, la détailler. On en baisserait presque les yeux de peur de la gêner. Elle fait d’ailleurs régulièrement ce cauchemar, se retrouver sur scène sans avoir appris son texte.

    D’ailleurs, pendant toutes ces heures d’attente dans des journées de 8 ou 10 h de tournage, que fait-elle ? Eh bien, elle ne lit pas. Non, elle dort, pour rester concentrée.  Professionnelle.

    Elle vient de tourner le film d’une jeune réalisatrice (« La cuisine » de Julie Lopes-Curval) avec Marina Hands, et tournera certainement pour Téchiné l’an prochain même si le projet est encore flou et elle continue à suivre les films qu’elle a tournés, notamment « Un conte de noël » d’Arnaud Desplechin qu’elle dit avoir beaucoup aimé, dans lequel elle dit avoir tout aimé.  Elle dit cela les yeux brillants. Comme nous. Comme moi en tout cas à l’issue de cette heure trop courte, de ce beau moment, de cinéma, de réalité, je ne sais plus trop, surréaliste, comme un film de Buñuel ou une œuvre de Dali, comme « Un chien andalou ». Une heure déjà. Les applaudissements fusent. La salle se lève, respectueuse et admirative. Toujours constate-t-on que la salle a étrangement perdu sa monotonie et sa lumière blafarde.

    Une grande actrice. A l’image du film de Buñuel d’une certaine manière :  très réelle, ancrée dans la réalité et irréelle, liée à des souvenirs et rêves cinématographiques,  grave et ironique (elle n’a jamais hésité à se moquer d’elle même, contrairement à cette image de froideur à laquelle on a tenté de la réduire, et notamment dans « Mes stars et moi » de Laetitia Colombani, actuellement à l’affiche-voir critique ci-dessous-). Une femme passionnée et touchante, sincère et mystérieuse, et évidemment talentueuse. Une « star » qui en est une justement parce qu’elle ne joue pas à l’être, elle n’en a pas besoin. Rare, lumineuse, éblouissante, éphémère et éternelle. Oui, une étoile filante…

    La prochaine rencontre organisée par le Ciné club de Sciences Po aura lieu le 19 novembre pour le film « Ma mère » de Christophe Honoré avec, sous réserves, le réalisateur, Emma de Caunes et Louis Garrel . L’entrée est libre.

    CRITIQUE de "LA FILLE DU RER" d'André Téchiné

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    Un film d’André Téchiné est pour moi toujours un rendez-vous incontournable, pourtant le sujet de son dernier film inspiré d’un fait divers (En juillet 2004, une jeune femme avait inventé avoir été victime d’une agression antisémite dans le RER. Son terrible mensonge avait provoqué un emballement médiatique et politique sans précèdent, avant même d’avoir été confirmé) m’avait laissée perplexe, d’abord parce qu’il s’agissait finalement d’un sujet assez mince pour en faire une fiction, ensuite parce que le sujet était plutôt sensible… C’était oublier l’immense talent de cinéaste et de « psychologue » d’André Téchiné, sa capacité à transcender et sublimer toute histoire, et à mettre en scène la confusion des âmes et des sentiments.

    Jeanne (Emilie Dequenne), vit dans un pavillon de banlieue plutôt coquet bercé par le bruit de la circulation et du RER, avec sa mère, Louise (Catherine Deneuve). Les deux femmes sont inséparables et s’entendent bien.  Louise garde des enfants et Jeanne cherche un emploi sans trop de conviction préférant passer et perdre son temps à déambuler en rollers. C’est lors de l’une de ces déambulations qu’elle rencontre Franck (Nicolas Duvauchelle), l’étrange et direct lutteur qui rêve de devenir champion olympique. Un jour, Louise tombe sur une annonce  d’emploi d’un cabinet d’avocats, celui de Samuel Bleistein (Michel Blanc), qu’elle a connu  dans sa jeunesse. Jeanne ne sera pas embauchée mais le terrible mensonge qu’elle va échafauder va la faire rencontrer de nouveau Bleistein, et sa famille : son fils Alex (Mathieu Demy), sa belle-fille Judith (Ronit Elkabetz), et son petit-fils Nathan (Jérémy Quaegebeur ).

    Le film est une adaptation de la pièce de Jean-Marie Besset, «  RER », lequel a également signé les dialogues du film de Téchiné. Le scénario, signé André Téchiné, a aussi été adapté par Odile Barski.

    Comme souvent chez Téchiné, il y a cette troublante lumière d’été (magnifique photographie de Julien Hirsch) qui inquiète plus qu’elle ne rassure, qui intrigue autant qu’elle fascine. Ici, elle reflète le mystère de l’insaisissable Jeanne. Sa fragilité aussi. Téchiné ne justifie pas son acte mais chaque seconde du film, tout en douceur, sans gros plans didactiques ou tapageurs, esquisse le portrait de cette jeune femme et les circonstances qui vont la conduire à un terrible mensonge dont les conséquences vont dépasser tout ce qu’elle aurait pu imaginer. D’ailleurs elle n’a probablement rien imaginé ou vraiment planifié. Jeanne ment comme elle respire. Souvent sur ce qu’elle est. Pour qu’on la regarde, pour qu’on la considère, pour se sentir exister. Dans le regard de cet avocat et sa belle-fille qui la regardent avec un certain dédain. Dans le regard de sa mère qui désapprouve sa liaison avec Franck et voudrait qu’elle trouve un travail digne de ce nom. Dans le regard de Franck qui va violemment se détourner d’elle. Et puis Jeanne agit aussi sur un coup de folie, réagissant à la violence de ce désamour, sans vraiment réfléchir, comme lorsqu’elle déambule à rollers, et glisse sur le temps qui passe, et ses mensonges qui défilent. La caméra fébrile d’André Téchiné accompagne judicieusement son glissement et son chaos intérieurs, portés par une bande originale aussi envoûtante qu’inquiétante (musique originale de Philippe Sarde, musique de Bob Dylan –voir extrait ci-dessous-).

    Et puis ce fait divers n’est finalement qu’un prétexte. Un prétexte pour de nouveau évoquer des rendez-vous manqués, des  êtres égarés dans ces "temps qui changent", aussi socialement installés semblent-ils (comme Samuel) ou aussi libres semblent-ils (Catherine Deneuve, de nouveau étonnante, et parfaitement crédible, magnifique scène où elle observe Samuel sans oser le rejoindre). Des êtres en quête d’amour et  d’identité (parallèle entre Nathan qui refuse une identité juive que Jeanne a endossée et s’est inventée). Des êtres en quête de repères dans une société où on communique sur msn, où la vie va aussi vite qu’une déambulation à rollers, où on voit sans regarder.

    Dans le regard, tellement sensible et empathique de Téchiné, Jeanne est une victime de l’emballement médiatique, de la politique qui cherche des justifications, même fallacieuses, à son action, d’une société intransigeante et impatiente qui broie les êtres égarés et plus fragiles. Reste ce terrible mensonge qui risque de banaliser les actes similaires qui, malheureusement, continuent d’exister. En témoigne la triste et périlleuse  banalisation des propos d’un « homme politique » qui, il y a quelques jours encore, dans la consternante quasi indifférence générale  assimilait à un « détail » l’horreur absolue du 20ème siècle. Cela témoigne aussi de cette société que Téchiné montre ici et qui qui zappe d’une information à une autre, sans forcément prendre le temps de s’arrêter, voire de s’indigner.

    En cinquante jours, André Téchiné a signé un film, à nouveau, d’une étonnante modernité portée par des acteurs dont il souligne une nouvelle fois le talent : Emilie Dequenne absolument sidérante qui nous emmène dans sa folie ordinaire et d’autant plus troublante, Nicolas Duvauchelle, qui excelle toujours dans ces rôles à vif, Michel Blanc qui retrouve Téchiné après son admirable dernier film « Les Témoins », et l’impériale Catherine Deneuve, qui retrouve le cinéaste pour la sixième fois, aussi crédible en mère aimante et libre vivant dans un pavillon de banlieue que dans n’importe quel rôle.

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    Parmi mes très nombreuses péripéties au cours de mes pérégrinations festivalières et cinématographiques, depuis déjà une bonne dizaine d’années, celle de ce 14 mars restera parmi les excellents souvenirs puisque, après avoir assisté à la projection du film « Les yeux de sa mère »,   j’ai partagé un déjeuner presse avec l’équipe du film : Catherine Deneuve, Marina Foïs, Marisa Paredes, Géraldine Pailhas, Nicolas Duvauchelle, Jean-Baptiste Lafarge… mais un peu de patience, avant de vous faire le compte rendu de ce déjeuner et de (presque) tout vous dire sur ces rencontres, place à la critique du film.

     CRITIQUE – LES YEUX DE SA MERE de Thierry KLIFA

     « Les yeux de sa mère » est le troisième film de Thierry Klifa, ancien critique de Studio (du temps où il n’était que Studio Magazine et pas encore Studio Ciné Live),  après « Une vie à t’attendre » et « Le héros de la famille », il sortira en salles le 23 mars. Après s’être intéressé au père dans « Le héros de la famille », Thierry Klifa (avec son coscénariste Christopher Thompson avec qui il a également coécrit le premier film en tant que réalisateur de ce dernier « Bus Palladium » auquel il est d’ailleurs fait un clin d’œil dans ce film) s’est, cette fois-ci, intéressé  à la mère qu’elle soit présente ou absente.

     A Paris, un écrivain en mal d'inspiration, Mathieu Roussel (Nicolas Duvauchelle) infiltre la vie d'une journaliste qui présente le journal télévisé, Lena Weber (Catherine Deneuve) et de sa fille danseuse étoile, Maria Canalès (Géraldine Pailhas) pour écrire à leur insu une biographie non autorisée. Pendant ce temps, en Bretagne, un garçon de 20 ans, Bruno (Jean-Baptiste Lafarge), qui habite avec ses parents, ne sait pas encore les conséquences que toute cette histoire va avoir sur son existence.

      Les yeux de sa mère » débute par le décès du père de Maria, dans les larmes et la douleur. Thierry Klifa revendique ainsi d’emblée le genre du film, celui du mélodrame auquel il est une sorte d’hommage. Un cinéma des sentiments exacerbés, des secrets enfouis, des trahisons amères, des amours impossibles. Un cinéma qui, sans doute, irritera ceux qui, il fut un temps, évoquait ce « cinéma de qualité française » avec un certain mépris  mais qui enchantera les autres pour qui comme disait Gabin "pour faire un bon film il faut trois choses: une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire » et ceux pour qui le cinéma doit faire preuve de la flamboyance et de l’exaltation qui font parfois défaut à l’existence.

    Depuis son succès, dix ans auparavant intitulé « Palimpseste », à l’image d’un palimpseste qui justement se construit par destruction et reconstruction successive, Mathieu, écorché par la vie, ayant perdu sa mère jeune, va donc d’abord s’acharner à déconstruire, au départ sans se soucier des conséquences, étant un peu « hors de l’existence » à l’image du personnage de Stephan interprété par Daniel Auteuil dans « Un cœur en hiver » que Thierry Klifa a d’ailleurs conseillé à Nicolas Duvauchelle de revoir. Mathieu, c’est Nicolas Duvauchelle un peu inquiétant, un peu ailleurs, qui en voulait déconstruire la vie des autres va, peut-être, se reconstruire.

    « Les yeux de sa mère » est un film dense et ambitieux avec beaucoup de séquences. Cela va vite, presque trop, tant les sujets (trahison, filiation, deuil insurmontable, création…) et personnages qui les incarnent sont nombreux.  La très belle musique de Gustavo Santaolalla (lauréat d’un Oscar en 2007 pour un magnifique film, là aussi choral, « Babel ») fait heureusement le lien entre ces différentes séquences.

     Le film reflète ce que j’ai pu entrevoir de Thierry Klifa : de l’enthousiasme,  une connaissance et un amour du cinéma et des acteurs, et de l’humilité. De l’enthousiasme pour la vie, pour ses personnages malgré ou à cause de leurs fêlures. De l’humilité qui peut-être est cause du principal défaut du film, celui de brasser trop de personnages (certes caractéristique du film choral) et de sujets de peur, peut-être, que le spectateur ne s’ennuie alors que dans « Une vie à t’attendre » il montrait justement qu’il savait raconter une histoire simple sans trop de personnages. « Les yeux de sa mère » semble contenir plein d’ébauches de films tant Thierry Klifa est sans doute imprégné de films et de sujets si bien qu’il nous laisse un peu sur notre faim, regrettant de laisser ses personnages finalement tous attachants à leurs destins (qui pourraient d’ailleurs donner lieu à une suite). Enfin un amour des acteurs.  Aucun n’est délaissé, des rôles principaux aux rôles plus secondaires, chacun ayant  sa  scène phare et il faut reconnaître à Thierry Klifa et Christopher Thompson possèdent le talent d’esquisser les traits de leurs personnages et de les faire pleinement exister en quelques plans.

     Mention spéciale à la découverte Jean-Baptiste Lafarge (qui n’avait jamais rien tourné jusqu’alors et dont la seule expérience se réduisait aux cours de théâtre de son lycée) parfait en jeune boxeur, personnage déterminé et à fleur de peau, à la fois sincère, naïf et épris d’absolu.

     Quant à Catherine Deneuve, dans un rôle encore une fois très différent du précèdent, dans « Potiche » (où elle était irrésistiblement drôle), en quelques secondes, en un regard, elle passe d’un état à un autre (et par voie de conséquence le spectateur lui aussi passe d’un état à un autre), soudainement bouleversée et absolument bouleversante (notamment dans la scène sur le quai de la gare avec Nicolas Duvauchelle tournée en un plan séquence). Ce regard m’a rappelée celui de ce sublime film dont Julien Hirsh, directeur de la photographie des « Yeux de sa mère » était aussi directeur de la photographie : « Je veux voir »  de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige (dont je vous ai souvent parlé mais que je vous recommande vraiment !).

     Le film est aussi un jeu de miroirs et mises en abyme. Entre Catherine Deneuve qui incarne une star du petit écran et Catherine Deneuve star de cinéma. Entre Géraldine Pailhas ancienne danseuse  qui incarne une danseuse étoile. Entre l’écrivain dans le film qui infiltre la vie des autres et le cinéaste qui, par définition, même involontairement, forcément la pille aussi un peu. Entre l’écrivain voyeur de la vie des autres et le spectateur qui l’est aussi.

     Hommage au mélodrame donc mais aussi aux acteurs, et à la mère chère au cinéma d’Almodovar dont une lumineuse représentante figure dans le film de Thierry Klifa en la personne de Marisa Paredes. Mère absente,  qui abandonne, de substitution, adoptive, ou même morte.  « Les yeux de sa mère » est aussi un thriller sentimental qui instaure un vrai suspense qui n’est néanmoins jamais meilleur que lorsqu’il prend le temps de se poser, de regarder en face « les choses de la vie » et de laisser l’émotion surgir ou dans un très beau montage parallèle qui reflète au propre comme au figuré la filiation du courage.

     Un film de regards. Celui d’un réalisateur plein d’empathie pour ses personnages, d’admiration pour ses acteurs, et d’enthousiasme et qui nous les transmet. Ceux des acteurs dont sa caméra débusque les belles nuances. Et celui de Catherine Deneuve, une fois de plus dans les yeux de qui, si multiples et fascinants, il ne vous reste qu’à plonger. Ils vous émouvront et surprendront une fois de plus, je vous le garantis.  J’attends aussi avec impatience le prochain film de Thierry Klifa, un cinéma de qualité française et populaire au sens noble du terme, un cinéma que je revendique d’aimer aussi bien qu’un cinéma plus social comme celui de Ken Loach ou Mike Leigh.

    Récit de la rencontre exceptionnelle avec  Catherine Deneuve, Marina Foïs, Marisa Paredes, Géraldine Pailhas, Nicolas Duvauchelle, Jean-Baptiste Lafarge

     En préambule, je précise qu’aucune photo ou vidéo ne viendront illustrer cet article, celles-ci étant interdites par la maison de distribution en ces circonstances qui se doivent d’être plutôt conviviales. Il faudra vous contenter de mes mots, mon enregistrement sonore de trois heures n’étant pas très audible avec le cliquetis des couverts et aussi préférant je crois vous le relater et raconter mes impressions plutôt que de vous faire écouter une conversation décousue. Après la projection du film au cinéma du Panthéon, lieu que je fréquente assidûment et dont j’apprécie le caractère intimiste (et que je vous recommande au passage), rendez-vous était donné à 12H30 au-dessus dans le café restaurant de ce même cinéma, d’ailleurs décoré d’après les instructions de Catherine Deneuve.

    Si, comme moi, pour qui ce déjeuner presse était une première (et une première prestigieuse) vous en ignorez le fonctionnement, sachez qu’il consistait en l’occurrence en quatre tables, chaque table composée de six places, dont quatre pour les « journalistes » et deux pour les membres de l’équipe du film qui tournent entre l’entrée, le plat de résistance, le fromage et le dessert.  J’ai donc pris place et ai fait connaissance avec les autres convives, un sympathique blogueur-et non ce n’est pas du tout un pléonasme- de Publik’Art, une affable journaliste belge du quotidien le Soir totalement obnubilée par Catherine Deneuve et un journaliste dont je préserverai l’anonymat mais qui se contentait de regarder avec un œil goguenard l’assistance et moi a fortiori (car pas journaliste, pas du cénacle, pas considérable à ses yeux inquisiteurs et éreintés, sans doute). Je posai donc pas mal de questions à mes voisins (à l’exception du troisième dont il ne fallait pas être très perspicace pour constater qu’il n’aurait guère eu envie d’y répondre) pour évacuer mon anxiété et tenter d’oublier que quelques minutes plus tard j’allais me retrouver face à  l’héroïne des films de Bunuel, Téchiné, Truffaut, Demy et de tant d’autres que j’aime tant, doutant encore néanmoins que la mystérieuse Catherine Deneuve serait vraiment quelques minutes dans cette même salle où déambulaient déjà les autres acteurs du film.

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    Puis Marisa Paredes accompagnée de sa traductrice s’est installée à notre table, un peu sur la réserve, dégageant beaucoup de classe, de retenue. Pas peu fière de comprendre ce qu’elle disait en Espagnol, je ne poussai néanmoins pas la témérité, le ridicule ou l’inconscience jusqu’à lui poser mes questions en Espagnol, me contenter d’osciller de la tête comme un chien sur la plage arrière d’une voiture lorsqu’elle parlait et attendant patiemment la traduction pour parler à nouveau. Je me surpris à me prêter à l’exercice que je redoutais pourtant (parce que non, je ne suis pas journaliste, et non d’ailleurs je ne souhaite pas l’être) et de poser des questions, en Français donc. Elle nous a d’abord parlé du film, évidemment,  disant avoir accepté le projet car « l’histoire était intéressante, les personnages aussi » et parce qu’elle avait « la curiosité de travailler avec des personnes qu’elle ne connaissait pas » même si pour elle il y avait « une insécurité de ne pas parler la langue ». Elle a évoqué Paris où elle aime tout « sauf les taxis qu’on ne trouve jamais quand on en a besoin » et sa « grande complicité avec Catherine Deneuve,  une grande vedette. » Evidemment impossible de rencontrer Marisa Paredes sans parler de Pedro Almodovar et son prochain film « La peau que j’habite », « un film encore plus complexe  que ses précédents» selon elle. Elle n’a pas voulu répondre sur la possible sélection du film à Cannes mais son sourire valait acquiescement. Quand il lui propose un projet, il procède particulièrement en lui demandant d’abord si elle est libre à telle ou telle date plutôt que de lui envoyer d’abord le scénario toujours « très construit en profondeur », a-t-elle précisé. « Personne ne dirait non à Almodovar. On se sent privilégié d’être appelée par Almodovar. Pedro et moi avons une relation très complice, cela rend les choses plus faciles. Il  a inventé un style qui lui est propre, a donné une autre image de l’Espagne  » a-t-elle ajouté.  Elle a également évoqué le Franquisme comme « une blessure qu’il faut refermer mais dont il y a toujours un risque qu’elle s’infecte » et aussi de la  séparation stricte entre sa vie privée et sa vie professionnelle malgré « le problème de la presse rose  très agressive. » 

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    L’entrée n’était pas tout à fait terminée que déjà il fallait passer aux invités suivants : Marina Foïs et Jean-Baptiste Lafarge. J’ai été agréablement surprise par la sincérité, l’intelligence, la douce folie de la première qui, après avoir parlé de son rôle de « mère courageuse qui affronte ses émotions, la magnanimité du personnage, un rôle qui canalise sa folie » et de Catherine Deneuve « belle, intelligente avec ce truc prodigieux »  a parlé aussi bien des  scénarii qu’elle reçoit à réaliser alors qu’elle n’a aucun désir de réalisation car elle « ne raisonne pas en images », que de son rêve d’incarner Simone Weil au cinéma, que du théâtre auquel elle préfère le cinéma à cause du côté volatile du premier et parce qu’elle se trouve toujours « de moins en moins bien au fil des représentations car la mécanique intervient et que c’est donc moins intéressant et qu’il faudrait 30 représentations, pas plus». De temps à autre je ne pouvais m’empêcher de regarder autour espérant et redoutant à la fois la silhouette de Catherine Deneuve qui a fini par « apparaître » à l’autre extrémité de la pièce.   Evidemment moins de questions pour Jean-Baptiste Lafarge, forcément parce que sa carrière débute tout juste et que jusque là il n’avait joué que dans des cours de théâtre au lycée, et des réponses moins longues, forcément aussi, parce qu’il n’est pas encore rodé à l’exercice. Il s’est tout de même dit impressionné mais que c’était finalement « plus facile de jouer face à des acteurs de ce niveau » et que « quand c’était parti il n’était plus le temps d’angoisser. »

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    Changement de plats et changement d’interlocuteurs avec cette fois Géraldine Pailhas et Nicolas Duvauchelle, en apparence très différents l’un de l’autre, une vraie maitrise de soi de la première, et une certaine désinvolture du second, l’une cherchant visiblement à dissimuler ses doutes, fêlures à tout prix et l’autre non (pas plus que son ennui assez visible, d’être là, et compréhensible tant cela doit être à la longue lassant de répondre toujours aux mêmes questions, de subir les mêmes regards inquisiteurs). En réponse à la journaliste belge (qui m’avait avoué, mais ne le répétez pas, n’être là QUE pour Catherine Deneuve et dont les questions tournaient donc essentiellement autour de cette dernière), Géraldine Pailhas a donc à son tour évoqué Catherine Deneuve, comme « une actrice de chair et de sang capable de tout jouer » (Catherine Deneuve dont je ne pouvais m’empêcher d’entendre la voix tellement reconnaissable à la table d’à côté). Pour elle ce rôle représente « une conquête plus qu’un défi. » Il s’agissait d’une « opportunité à saisir. » Les réponses de Géraldine Pailhas étaient parfois très longues sans doute un peu pour pallier celles, très courtes de son voisin, aussi il m’a semblée pour masquer ses doutes, paraissant parfois presque trop sûre d’elle, s’enorgueillissant, au contraire et à la surprise de Nicholas Duvauchelle, de ne pas être gênée de jouer dans le conflit et du fait que le danger soit pour elle au contraire d’être dans la complaisance. Ce dernier a avoué avoir été très éprouvé par la scène du cimetière.  Et évidemment ma voisine belge lui a demandé ce qu’il pensait de Catherine Deneuve, ce à quoi il a répondu (sans doute pour la énième fois) qu’elle était « très drôle, très maternelle, toujours dans le vif, une évidence ». 

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    Puis est arrivée l’heure du dessert… et de Catherine Deneuve et Thierry Klifa. Accompagnés de deux personnes. Enfin accompagnéE de deux personnes aux petits soins. Silence respectueux et un peu intimidé de trois des convives et toujours goguenard pour le quatrième. Thierry Klifa particulièrement souriant, sous doute habitué aussi à ce manège probablement instructif à observer. Catherine Deneuve presque grave, déplaçant une lampe et ce cher journaliste dont je respecterai, toujours et malgré tout, l’anonymat ayant un humour aussi légendaire que son air goguenard de demander à Catherine Deneuve « si elle refaisait ainsi la décoration à chaque fois qu’elle venait », ce à quoi elle a répondu avec une douce autorité que simplement la lumière la gênait.  Il a précisé que c’était de l’humour. Vous vous en doutez tout le monde a trouvé cela absolument irrésistible, surtout lui-même. Puis silence… Je ne pouvais m’empêcher de me dire à quel point tout cela devait être amusant et lassant à ses yeux. Amusant de voir qu’elle dont je ne doute pas une seconde qu’elle sache être si drôle, ironique, brillante, modifie ainsi l’atmosphère et provoque le silence et le trouble. Elle dont je me souviens que lors de cette mémorable master class à sciences po elle avait parlé de ces rencontres qui la terrifiaient. Elle que j’avais aussi vue un peu lointaine et éblouissante lors de sa master class cannoise. Elle que certains sans doute auront trouvé froide ou distante mais dont je devinai à la fois l’amusement, le trac, la lassitude, tour à tour ou en même temps. Finalement notre journaliste belge a enfin posé ses questions à celle pour qui seule elle était là dont une particulièrement délicate sur la fin de sa carrière (et moi qui, avant cette rencontre redoutais de poser des questions ridicules ou absurdes). Elle a allumé une cigarette, avec classe, presque détachement, en apparence du moins, sans doute un moyen  de se donner une contenance et de se conformer à son rôle, celle de la star, pas parce qu’il lui plait de le jouer mais parce que c’est ce que chacun semble attendre d’elle. J’étais bien décidée à poser mes nombreuses questions d’abord à Thierry Klifa mais notre ami-dont-je-respecterai-l’anonymat semblait prendre un malin plaisir à me couper la parole pour poser des questions extrêmement originales à Catherine Deneuve « Est-ce que vous arrivez à sortir de vos rôles après un film ? Est-ce une nécessité pour vous de jouer ? ». Puis enfin, j’ai pu m’exprimer et parler avec Thierry Klifa de mon film préféré « Un cœur en hiver » auquel il se réfère dans le dossier de presse (ainsi qu’à deux de mes films fétiches « La femme d’à côté » de Truffaut et « La fièvre dans le sang » de Kazan ou encore au cinéma de James Gray mais malheureusement le temps a manqué pour évoquer ces sujets) , plus pour lui « une musique qui l’accompagne qu’un modèle » . Ses réponses étaient vraiment intéressantes et j’avoue que j’aurais eu encore des dizaines de questions à lui poser. Puis je lui ai parlé du directeur de la photographie Julien Hirsch moyen aussi de parler à Catherine Deneuve de ce sublime film « Je veux voir » -dont il est aussi directeur de la photographie- qui est aussi affaire de regards  (manière détournée de m’adresser à elle tout en posant une question à Thierry Klifa) seul moment où je crois avoir vu son regard s’illuminer. J’aurais voulu qu’elle parle de ce film mais le temps était compté. Thierry Klifa a répondu avoir été heureux de travailler pour la première fois avec Julien Hirsch avec qui il n’avait jamais travaillé mais qui avait déjà travaillé à plusieurs reprises avec Catherine Deneuve et qui sait s’adapter aux univers de chaque cinéaste. C’est le seul dialogue au cours duquel je n’ai pas pris de notes. J’étais captivée par la lumineuse présence de Catherine Deneuve  tout de rose vêtue, à la fois là et un peu ailleurs, croisant furtivement son regard perçant. Je n’osais la regarder de peur que ce regard passe pour scrutateur  ou  comme tant d’autres cherchant des stigmates du temps que chacun doit tenter de débusquer (mais qui l’ont épargnée et que de toute façon sa magnétique présence ferait oublier) ou ayant l’impression que ce regard, un de plus encore s’ajouterait à tous ceux qui la fixent constamment et serait presque indécent (pour ceux qui ne le sauraient pas encore, ma devise est « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué »). Elle a parlé des témoignages de sympathie qu’elle reçoit, de ces personnes (comme c’est le cas pour Lena dans le film) qui la dévisagent constamment qu’elle envisage différemment selon qu’elle est déprimée ou de bonne humeur, des rôles qu’elle reçoit qui sont souvent les mêmes et en réponse à Monsieur Goguenard du cinéma dont elle ne sait si c’est nécessaire car elle a toujours vécu là-dedans. Je ne me souviens pas de tout. Je n’ai pas noté donc. Je ne le souhaitais pas.  Juste être dans l’instant. Profiter de ce moment rare. J’ai rebondi sur une ou deux questions mais il me semble que ce qui se disait dans les gestes, les silences et les regards étaient plus intéressants que les mots. Puis elle est partie. Un peu comme une ombre ou un beau mirage évanescent.  Elle a sans doute dit au revoir, je n’ai rien entendu. Moi aussi je crois que j’étais à mon tour un peu ailleurs…

    Trois heures qui se sont écoulées comme un rêve, à la rapidité d’un générique de cinéma auquel elles ressemblaient.  Bien sûr de ces trois heures je ne vous ai retranscrit que quelques bribes, l’essentiel ayant finalement été dans l’implicite.

     Vous ne serez pas surpris si je vous dis que notre ami goguenard est parti sans dire au revoir, que mes tentatives d’amorce de conversation, connaissant bien son journal ayant un lien particulier avec, ne se sont soldées que par des soupirs de consternation (au moins aurons-nous eu celle-ci en commun). Et je ne peux que comprendre la lassitude de Nicholas Duvauchelle, de Catherine Deneuve ou des autres face à ce manque d’élégance, marque, au-delà de l’absence d’humilité, d’un défaut de talent, en tout cas de psychologie, belle illustration des propos de Marina Foïs sur les grands acteurs face auxquelles il est si facile de jouer, qui d’une certaine manière ne s’embarrassent pas d’une comédie pathétique. Cette comédie humaine que j’ai constaté dans tant de circonstances cinématographiques (pour connaître réellement quelqu’un, placez le soit dans un théâtre de guerre ou dans un théâtre des vanités, par exemple un festival, c’est imparable) à la fois belle et pathétique ne cessera de m’amuser, ou consterner, selon les jours.

     Un beau moment en tout cas dont je suis ressortie  avec  des tas d’images, d’impressions (que je retranscrirai ailleurs…) mais surtout de regards insolents, lasses, farouches, maquillés (au figuré), absents, incisifs, mécaniques, brumeux, enthousiastes et surtout d’un perçant que je ne verrai plus jamais pareil même si et heureusement il a  conservé tout son mystère, résisté à la lumière tapageuse et insatiable. D’une lampe détournée et pas seulement…

    Et pour terminer, petit souvenir du festival Lumière 2016 (lors duquel Catherine Deneuve a reçu le prix Lumière) et de la librairie du festival où mon recueil s'est retrouvé en prestigieuse compagnie :

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